Pendant le Mondial russe, Foot d’Avant se focalise sur d’anciens joueurs qui ont brillé en Coupe du Monde. Aujourd’hui, retour en 1998 avec Aljosa Asanovic, l’ex-numéro 7 de la Croatie qui s’est aussi illustré en Première Division. Ceux qui l’ont côtoyé à Metz, Cannes et Montpellier dressent son portrait.

Aujourd’hui, Luka Modric et Ivan Rakitic font la loi dans le jeu croate. Il y a vingt ans, toujours au milieu du terrain, le trio Robert Prosinecki-Zvonimir Boban-Aljosa Asanovic faisait aussi des malheurs. Le dernier cité a brillé lors de la Coupe du Monde 1998 et notamment en demi-finale lorsqu’il attira Didier Deschamps et ses troupes à 30 mètres du but français pour lancer Davor Suker tromper seul Fabien Barthez. Avant de faire mal aux Bleus, Aljosa Asanovic a fait danser les défenseurs du championnat de France pendant quatre saisons.


« Il collait tout à fait à l’identité du FC Metz »

C’est en 1990 que le natif de Split (ndlr : le 14 décembre 1965 en ex-Yougoslavie) pose ses valises à Metz. Le président Molinari flaire le bon coup. « Aljosa Asanovic collait tout à fait à l’identité du FC Metz. Il était un peu timide, un peu en retrait, mais sur le terrain, il était efficace et surtout très élégant. C’était vraiment le chef d’orchestre à l’ancienne avec beaucoup de charisme », se souvient le journaliste de M6, Denis Balbir, qui couvrait les matchs de Première Division sur Canal + lors de la grande époque du FC Metz. Il se rappelle également que le joueur croate « était très souriant avec les journalistes et le public ».


Le meilleur joueur de l’histoire de Metz ?

Nicolas Huysman est arrivé à Metz la même année que lui. Les deux hommes jouaient ensemble au milieu du terrain. Pour Nicolas Huysman « Aljosa Asanovic est sous doute le plus grand joueur que le FC Metz ait connu ». « C’était un phénomène, un joueur hors norme avec une patte gauche phénoménale, ajoute l’ex-milieu qui a également porté les couleurs de Dunkerque, de Caen, du Havre et de Créteil. Il savait faire tourner le match en faveur de ton équipe. Il avait une grosse frappe, ses coups-francs étaient magiques. Je me souviens d’un match où il était remplaçant : il ne s’est pas échauffé, il est rentré, il a tiré le coup-franc et a marqué. Ses prises de balle vers l’avant et ses ouvertures étaient aussi sensationnelles. Il fallait faire faute pour lui prendre le ballon ».


« Il tenait tête aux gaillards comme Albert Cartier, Philippe Gaillot ou Pascal Pierre »

A Metz, Aljosa Asanovic joue tous les matchs de la saison 1990/91 et marque 13 buts. En une saison, le Croate a réussi à s’imposer au sein d’un vestiaire composé de joueurs de caractère. « Aljosa tenait tête aux gaillards de l’équipe comme Albert Cartier, Philippe Gaillot ou Pascal Pierre. Les entraînements avec lui ça envoyait, ce n’était pas je te donne la balle, tu me la redonnes. Il était malin sur le terrain, un peu vicelard parfois », confie Nicolas Huysman.

Suite à cette très belle saison réalisée avec Metz, Aljosa Asanovic signe à Cannes qui vient de terminer le championnat de France à la quatrième place. Un mauvais choix selon Nicolas Huysman. « Derrière Metz, il aurait dû signer dans un très gros club français comme le PSG, l’OM, Bordeaux ou Monaco. Ils l’auraient accueilli à bras ouverts. Vu son talent, il aurait pu rejoindre un top club européen ensuite ».

Sur le papier, l’équipe de Cannes version 1991/92 fait rêver : Zinédine Zidane, Aljosa Asanovic, Luis Fernandez, François Omam Biyik, Franck Durix, Franck Priou, Robby Langers ou Adick Koot. Pourtant la mayonnaise ne prend pas : l’AS Cannes est éliminé dès les 16emes de finale de la Coupe de l’UEFA par le Dynamo Moscou et descend en Deuxième Division après avoir terminé le championnat à la 19eme place. « Il n’y avait pas une super ambiance dans le vestiaire cette saison-là et cela a rejailli sur les résultats, se remémore Franck Durix. Il y avait quelques clans. Aljosa restait très souvent avec Zoran Vujovic. Les nouveaux joueurs qui étaient arrivés ne s’étaient pas très bien intégrés ».

« A Cannes, il n’a pas trop joué pour l’équipe »

Quand on lui parle du passage d’Aljosa Asanovic à Cannes, Franck Durix est mitigé. « C’était un grand joueur, malin et très fin technicien. Quand il est arrivé, je pensais qu’il allait beaucoup apporter. Mais il était un peu individualiste et je pense que cette saison-là, il n’a pas trop joué pour l’équipe. Quand il avait le ballon, il voulait se faire voir. Ce côté individualiste lui a été reproché à l’époque dans l’équipe ».

Il a fait progresser Laurent Robert à Montpellier

Pas question pour Aljosa Asanovic de jouer en Deuxième Division. Il prend alors la direction de Montpellier qui a réalisé une belle épopée en Coupe des vainqueurs de Coupe un an plus tôt (ndlr : quart de finaliste et éliminé contre Manchester United). Gêné par les blessures, sa première saison est compliquée dans l’Hérault. Son deuxième exercice sous les couleurs montpelliéraines est un peu meilleur mais son talent ne permet pas à Montpellier de remporter la Coupe de France 1994 (ndlr : défaite 3-0 en finale contre Auxerre). A l’époque, Laurent Robert ne jouait pas encore avec l’équipe première de Montpellier mais participait fréquemment aux entraînements des pros. Avec Aljosa Asanovic à ses côtés, le Réunionnais a progressé plus rapidement. « Il avait une vision du jeu exceptionnelle et son calme était impressionnant face au but », note l’actuel entraîneur des attaquants de Montpellier qui a lui aussi excellé avec son pied gauche sur coups-francs.

Après Montpellier, retour à la case départ : Hajduk Split. Puis il jouera ensuite à Valladolid, Derby County, Naples, Panathinaïkos et Sydney. Toujours en Australie aujourd’hui, Aljosa Asanovic entraîne Melbourne Knights en Deuxième Division. A l’autre bout de la planète, l’ex-bourreau des défenses de D1 supportera la Croatie ce soir face à la Russie. Pour faire au moins aussi bien qu’en 1998.

Clément Lemaître