1797. Comme le nombre de kilomètres séparant Bordeaux de Copenhague. Voire 3594 si on compte le retour. Ce jeudi, ils étaient environ deux-cent supporters girondins à avoir fait le déplacement dans la capitale danoise à l’occasion de la dernière journée de la phase de poules de Ligue Europa. 1797 kilomètres pour encourager les joueurs de Bordeaux sous le gel du Nord de l’Europe. Il fallait plusieurs couvertures et une bonne dose de passion pour encourager une équipe quasi-éliminée. Des supporters qui ont sûrement dû poser une ou plusieurs journées de RTT pour supporter le club de leur cœur.

Serait-il finalement préférable de monétiser le respect ?

A la fin du match, la déception prédomine malgré la victoire (1-0) : dans l’autre match le Slavia Prague a battu le Zenit Saint-Petersbourg (2-0) éliminant les Girondins de Bordeaux, qui avaient besoin d’une défaite des Tchèques pour espérer se qualifier en 16emes de finale de Ligue Europa, mais aussi les joueurs du FC Copenhague. Une fois le coup de sifflet final, les joueurs danois sont partis deux bonnes minutes, tous ensemble, féliciter le Kop du FC Copenhague avant d’entamer un long tour de stade pour remercier la vingtaine de milliers de spectateurs. De l’autre côté, les joueurs bordelais se sont congratulés au milieu du terrain avant de sprinter en direction des vestiaires. Sans un geste en direction des supporters, qui dans un coin de leur tête rêvaient sûrement de récupérer un maillot. Au mieux un salut de la main. Au pire un regard. Non, juste de la frustration. De l’écœurement. Ou pire de l’habitude. Ils sont deux à avoir félicité leurs supporters fidèles : Pablo s’est approché du Kop bordelais, levant la main avant de repartir. Benoît Costil est lui resté une bonne minute. En bon capitaine, l’ancien gardien de but caennais a montré l’exemple. Un respect qui ne veut malheureusement plus dire grand chose pour de plus en plus de joueurs professionnels aujourd’hui. Ça s’est passé jeudi avec les joueurs de Bordeaux mais ce manque de reconnaissance est de plus en plus fréquent en Ligue 1.

Il est loin le temps où les joueurs servaient les bières aux supporters comme à l’époque de Sedan

Certes les enjeux, et la pression, dans le monde du football sont de plus en plus lourds aujourd’hui. Mais ces joueurs professionnels ne doivent pas oublier ceux qui les font vivre : les supporters. Jouer toute une saison sans public n’aurait aucune saveur n’est-ce pas ? Qui paye les places, les maillots et les abonnements aux chaînes payantes ? Et si le PSG avait raison de proposer une prime à ses joueurs pour saluer ses supporters ? Serait-il finalement préférable de monétiser le respect ? Il est loin le temps où les joueurs servaient les bières aux supporters comme à l’époque de Sedan (voir l’interview d’Olivier Quint).

Clément Lemaître