Jean-Aurel Chazeau, Bordelais, spécialiste des Girondins et fondateur du site Leero Sport News (actualités de Bordeaux, Standard de Liège et Servette Genève), vient de publier le livre « La plus belle épopée des Girondins ». Du 1er tour de la Coupe Intertoto à la finale face au Bayern Munich, en passant par l’exploit retentissant contre l’AC Milan, cet ouvrage vous fait revivre ce parcours mythique en Coupe de l’UEFA (1995-96) comme si vous y étiez.  

 

Jean-Aurel Chazeau, pourquoi as-tu écrit ce livre sur l’épopée des Girondins de Bordeaux en Coupe de l’UEFA 1996 (Pour le commander : La plus belle épopée des Girondins) ?

Il s’agit de mes premières vraies émotions de foot. C’est une épopée que j’ai partagée avec mon grand-père. C’était un rêve de rencontrer Didier Tholot et c’est lui qui a écrit la préface de mon livre. Cette année-là, il y a eu une performance inédite qui ne sera pas rééditée : partir de l’Intertoto qui n’existe plus jusqu’en finale de la Coupe de l’UEFA (aller et retour à l’époque). Même si les Girondins ont perdu en finale, ils ont quand même inscrit leur nom dans l’histoire de cette compétition.  

 

Nous ne réalisons pas aujourd’hui, mais le parcours en Coupe Intertoto avait été très musclé : un démarrage début juillet et des équipes comme l’Eintracht Francfort (3-0), Heerenveen (2-0) ou Karlsruhe (0-2 pour Bordeaux en finale aller puis 2-2 au retour)…

C’était un énorme parcours du combattant. Ces équipes étaient très reconnues à l’époque. Bordeaux a affronté Odense à l’été 1995. Trois ans auparavant, le Danemark remportait l’Euro. La réserve de la sélection danoise, c’était cette équipe. Quelques mois plus tôt, Odense avait éliminé le Real Madrid de Michael Laudrup (décembre 1994), en s’imposant 2-0 à Bernabéu. En Intertoto, Bordeaux a survolé les débats face à cette formation (4-0). Pareil pour Heerenveen qui avait calqué son modèle sur celui de l’Ajax. Quant à Francfort, la star Anthony Yeboah est transférée à Leeds United juste avant le match contre Bordeaux. Enfin Karlsruhe était le réservoir du Bayern Munich dans les années 90. Les Oliver Kahn, Mehmet Scholl ou Thomas Hässler sont sortis de ce club. Pendant cette campagne, Zinédine Zidane a enfilé coups francs sur coups francs, Richard Witschge et Daniel Dutuel ont été hors-normes.  

Quels témoins as-tu contactés pour faire vivre l’épopée de l’intérieur ?

Beaucoup. Les témoins bordelais permettent d’avoir une accroche locale. Beaucoup d’entre eux vivent encore dans le secteur : Didier Tholot a sa maison ici même s’il entraîne Pau, Yannick Fischer ou Franck Histilloles sont aussi dans la région par exemple. Ils sont foncièrement marqués par les Girondins de Bordeaux et c’était passionnant de revenir sur ce parcours avec eux. Pour la plupart des joueurs, c’est la plus belle page de leur carrière.  

 

Sur chaque match de l’épopée, tu as interviewé un adversaire pour recueillir ses souvenirs des Girondins de Bordeaux : Markus Babbel, Dejan Savicevic, etc…

Je voulais relayer les anecdotes que les adversaires ont vécues. Pour eux, c’était quelque chose d’affronter les Girondins de Bordeaux. J’ai réussi à relever ce challenge. Ça permet d’avoir l’histoire la plus complète possible et se rendre compte de la performance de l’époque. Il faut réaliser de ce que représentait la Coupe de l’UEFA à l’époque. Par exemple, quand on pense au PSV Eindhoven, quart de finaliste de cette édition 1995-96, sa paire d’attaquants était Ronaldo-Nilis.  

 

Quels ont été les retours de ces adversaires sur les Girondins de Bordeaux de l’époque ?

Ils ont retenu qu’il y avait énormément de talents. Certaines équipes affrontées en Coupe Intertoto n’ont pas du tout été surprises par le parcours et ont même imaginé Bordeaux soulever le trophée. Zinédine Zidane avait régalé pour sa dernière saison avec les Girondins, il y a aussi énormément de louanges sur Christophe Dugarry.  

 

« Markus Babbel le dit : si Zinédine Zidane avait joué la finale aller à Munich, le Bayern aurait peut-être perdu »

 

  Le but de Zinédine Zidane à Séville représente également ce parcours mythique…

C’est l’explosion de Zinédine Zidane aux yeux du monde. Son jeu était déjà extrêmement léché. Il voyait les choses avant tout le monde. Ce but, du milieu du terrain et du pied gauche, n’est pas le fruit du hasard et c’est expliqué en détails dans le livre. Zinédine Zidane a mis un orteil au Real Madrid grâce à son but à Séville. Les joueurs du Bétis racontent qu’il a éteint le Villamarin, qui est l’un des stades les plus chauds d’Espagne. En 1995, Zinédine Zidane n’était pas encore totalement connu sur le plan européen même s’il avait déjà énormément prouvé en France. Avec ce but, il s’est fait un nom en Europe. Markus Babbel le dit d’ailleurs : si Zinédine Zidane avait joué la finale aller à Munich, le Bayern aurait peut-être perdu.  

Puis il y a ce quart de finale mythique où Bordeaux bat le grand Milan AC de l’époque (3-0) après avoir perdu en Italie (0-2)…

Le Milan remporte le Scudetto cette année-là, mais il y avait énormément de problèmes internes. Fabio Capello apprend dans la presse qu’il ne va pas être conservé. La Coupe UEFA, il en avait rien à cirer. Lui, il visait la Ligue des champions. Quand le Milan AC gagne à l’aller sans trop forcer, San Siro est pratiquement vide. Au retour, Fabio Capello met au repos Dejan Savicevic, qui est à l’époque l’un des tout meilleurs joueurs du monde. Ce qui montre à quel point l’exploit de Bordeaux était impensable pour lui. Sur ce match, tu le vois : Paolo Maldini est très énervé ce qui est très rare. Il sent le traquenard. En face, il y a une révolte. Tous les joueurs le disent : cet exploit était dans l’air lors de la préparation. Après, il faut des joueurs de talent pour le réaliser.  

 

Est-ce que la finale perdue face au Bayern Munich est digérée pour les ex-joueurs que tu as interviewés ?

Pour certains, la plaie est encore ouverte car il y a un goût d’inachevé. La saison ne s’est pas bien terminée en interne et sportivement parlant (ndlr : Bordeaux a fini 16e de D1).

 

Revis l’épopée complète des Girondins de Bordeaux en cliquant ici