Véritable star du foot en Bulgarie, Cédric Bardon refait le fil de sa carrière et notamment de ses années à l’étranger au Levski Sofia, en Israël et à Chypre. Cédric Bardon, c’est aussi des débuts prometteurs avec le club de sa ville, l’Olympique Lyonnais époque Florian Maurice et Alain Caveglia, des superbes années au Stade Rennais et à l’En Avant Guingamp. Interview 100% football plaisir avec un ex-international Espoirs français.
Cédric Bardon, que deviens-tu depuis la fin de ta carrière de footballeur ?
J’ai arrêté le foot à Fréjus-Saint-Raphaël en 2011. Depuis je dirige ma société de travail temporaire. J’ai des agences à Lyon, en Île de France, à Rennes, à Avignon et à Toulouse. J’ai bien vécu l’après-foot car j’ai été tout de suite dans le bain, je me suis mis directement à la tête de ma société. Je n’ai donc pas eu le temps de réfléchir.
Est-ce que le foot pro te manque ?
Ce qui me manque, c’est surtout le jeu, les matchs, l’ambiance. Quand on rentre sur le terrain, l’adrénaline que tu ressens et tout ce genre de choses. Sinon tous les à côtés : les entraînements, les mises au vert, tous ces trucs-là, ça ne me manque vraiment pas du tout. Je n’en serai plus capable.
Tu as commencé le foot pro au milieu des années 90 et tu as arrêté au début des années 2010. Comment le foot a-t-il évolué pendant tout ce temps-là ?
J’ai démarré à une période où il y avait beaucoup, beaucoup moins d’argent qu’aujourd’hui. On devenait joueur de football professionnel parce que c’était notre passion, on était fous de ce jeu-là. Aujourd’hui, les mentalités ont évolué. On devient joueur de foot si on a du talent mais aussi car c’est un moyen de gagner de l’argent rapidement. Il y a moins cet aspect « amour du jeu et amour du sport ». Désormais c’est plus « l’amour de l’argent ». Puis le foot est devenu beaucoup plus physique qu’à mon époque. Aujourd’hui, on porte beaucoup l’attention sur la puissance des joueurs plutôt que sur leurs qualités techniques. Et c’est peut-être la raison pour laquelle le foot est moins sympa à regarder que par le passé.
Tu as joué à Lyon, Rennes, Guingamp, Le Havre, au Levski Sofia, à l’Anorthosis Famagouste et Fréjus-Saint-Raphaël. Quel club supportes-tu aujourd’hui ?
Supporter, c’est un grand mot. Je vais souvent voir jouer Lyon parce que c’est le club qui m’a formé, c’est mon club de cœur et de ma ville. Mais je suis avant-tout un supporter du foot. J’aime le beau football et me régaler dans un stade. Aujourd’hui, seuls le Barça ou Manchester City me feraient lever à minuit pour regarder un match. Paris aussi, mais le problème est que ses adversaires sont rarement au niveau. C’est vrai que depuis un certain temps, on a plus de mal à prendre beaucoup de plaisir à regarder un match de foot. Mais dernièrement, je suis allé voir un match à Lyon et je me suis régalé. J’ai aussi vu un match sympa à Rennes.
En tant que joueur formé à Lyon, comment vois-tu l’évolution de l’Olympique Lyonnais ?
Quand j’ai démarré à l’OL au milieu des années 90, le budget était de 70 millions de francs (soit environ 10 millions d’euros) aujourd’hui c’est 250 millions d’euros, donc l’évolution parle d’elle-même. A l’époque, Lyon était un bon club de Ligue 1 alors qu’aujourd’hui, l’OL est une écurie européenne de L1. Lyon fait partie des 25 meilleures équipes d’Europe. Les chiffres parlent pour le président Aulas, car il a fait quelque chose d’exceptionnel avec l’Olympique Lyonnais.
C’était comment d’être joueur de l’Olympique Lyonnais quand le budget du club était de 70 millions de francs ?
C’était super car j’ai eu la chance de débuter avec des très grands joueurs à mes côtés : Manu Amoros, Pascal Olmeta. J’ai vu Manu Amoros à la Coupe du Monde 1982 et là j’avais la chance de jouer à côté de lui. C’était une chance pour moi aussi de m’exprimer dans un club qui évoluait en première division.
« Quand j’étais un gamin de 5 ans, j’allais au Stade Gerland, j’étais dans les virages avec mon papa. Mon rêve était d’être un jour sur le terrain. J’ai réussi à le faire et j’ai vécu de grands moments »
Pour toi, le natif de Lyon, l’expérience devait être exceptionnelle…
Ah oui. Tous les jeunes de Lyon aimeraient porter le maillot de l’Olympique Lyonnais et jouer dans le Grand Stade. Moi quand j’étais un gamin de 5 ans, j’allais au Stade Gerland, j’étais dans les virages avec mon papa. Mon rêve était d’être un jour sur le terrain. J’ai réussi à le faire et j’ai vécu de grands moments.
Est-ce qu’il y avait un côté « old school » à Lyon quand tu as débuté ?
Non pas du tout, attendez. J’ai démarré à l’OL avec un entraîneur qui s’appelait Jean Tigana. Il était très exigeant vis-à-vis de ses joueurs. Jouer en Première Division, ça demande un gros niveau d’exigence. Il fallait du sérieux. Je ne pense pas que les méthodes d’entraînement aient vraiment changé, d’ailleurs on voit qu’il y a beaucoup d’entraîneurs qui exercent toujours.
En attaque à l’époque à Lyon, il y avait Florian Maurice et Alain Caveglia. Comment as-tu vécu cette forte concurrence ?
La concurrence, ça fait partie du jeu, ça fait partie d’une équipe. Je la voyais comme un moyen de progresser. J’ai eu la chance de jouer avec ces joueurs-là, comme Florian Maurice avec qui j’ai quasiment démarré. Il avait deux ans de plus que moi et il était un peu mon grand frère quand j’ai débuté à Lyon. Alain Caveglia, qui avait plus de bouteille que moi, m’a appris deux-trois trucs. Il y avait aussi Stéphane Paille qui était un très bon joueur. Dans ma carrière, j’ai joué avec plein d’autres grands attaquants comme Shabani Nonda ou Didier Drogba et c’était agréable de côtoyer ce genre de joueurs.
A l’époque aussi tu as côtoyé Jean-Michel Aulas qui était déjà président de Lyon. Quelle était votre relation ?
Il a toujours été très, très correct avec moi. Il l’est toujours d’ailleurs. Il a toujours été de parole. A l’époque, Jean-Michel Aulas était comme aujourd’hui, c’est-à-dire très ambitieux. Il avait déjà son projet en tête, il l’a mûri pendant quelques années et vu que c’est quelqu’un qui a de la suite dans les idées, il a fait avancer son club doucement mais sûrement pour en arriver là où il en est aujourd’hui. Monsieur Aulas est quelqu’un de très intelligent qui sait toujours où il va. Je lui tire mon chapeau.
Pourquoi es-tu parti à Rennes en 1998 ?
Car la situation était un peu compliquée pour moi à Lyon. En tant que jeune du club et international Espoirs, j’avais une pression énorme sur les épaules. On parlait de moi un peu partout. Et malheureusement, les supporters lyonnais ne me faisaient pas trop de cadeaux. Il m’est arrivé de vivre des matchs où il était compliqué de sortir. Quand on est chez soi à Lyon et que le public vous siffle, ce n’est pas agréable. Du coup après avoir réfléchi, j’ai préféré poursuivre ma carrière ailleurs. Je voulais m’exprimer dans un autre club.
Quel bilan fais-tu de tes années rennaises (ndlr : de 1998 à 2001) ?
J’ai vécu de superbes années à Rennes. En plus, j’ai eu la chance de tomber sur une très belle période avec François Pinault et Paul Le Guen. Il y avait beaucoup d’investissements à cette période et beaucoup de joueurs sont arrivés en même temps que moi. Du coup, il y avait une très, très bonne équipe. On s’est éclatés, on a fait une première saison superbe conclue à la cinquième place de Première Division. La venue de Shabani Nonda nous avait fait un énorme bien. On se qualifie alors pour la Coupe Intertoto et on joue en finale de cette compétition contre la Juventus Turin de Zinédine Zidane. Lors de ce match, Rennes aurait pu faire un exploit, car on perd 1-0 là-bas après avoir frappé le poteau à cinq minutes de la fin. Puis à l’arrivée, on fait 2-2 à Rennes. Jouer face à Zidane, Inzaghi, Davids et toute la clic, ça faisait bizarre. On leur a tenu tête et c’était quand même quelque chose. Mais après le problème de Rennes à cette période, c’est que le club a voulu côtoyer les grands en faisant des investissements peu judicieux sur certains joueurs. C’est ce qui m’a fait partir de Rennes.
« Merci Philippe Hinschberger car c’est lui qui m’a remis le pied à l’étrier au Havre et je ne le remercierai jamais assez »
Tu parles d’une époque où Rennes avait recruté Severino Lucas, Luis Fabiano ou Mario Hector Turdo pour des sommes très importantes à l’époque…
Le club avait en effet beaucoup dépensé et ce n’était pas logique car notre équipe était plus que cohérente. Mais les dirigeants ont estimé qu’il fallait investir des sommes énormes sur des joueurs qui avaient beaucoup de qualités mais qui ont eu du mal à s’exprimer à Rennes. La mayonnaise n’a pas pris. Des joueurs comme moi ont été mis sur la touche. La fin a été compliquée pour moi, mais dans l’ensemble je garde de très bons souvenirs de mon passage au Stade Rennais. Je pense avoir toujours tout donné pour ce maillot comme tous ceux que j’ai portés avant et après. Mais malheureusement, nous sommes des hommes et on n’en fait pas exprès quand on est moins bons. A ce moment-là, il faut savoir accepter la critique car elle fait avancer.
Ensuite tu pars à Guingamp en 2001…
Je suis allé à Guingamp car l’entraîneur, Guy Lacombe, m’a donné envie de jouer pour lui et pour l’En Avant Guingamp. J’ai toujours eu de très bons rapports avec lui. Il voulait me faire passer au poste de 9,5 car il estimait qu’il était plus adéquate par rapport à mes qualités. Son projet m’a plu. C’est quelqu’un de très exigeant. Son idée était de me faire progresser. C’est vrai qu’à son contact, je me suis éclaté à Guingamp. J’y ai fait de très bonnes saisons et malheureusement encore une fois, j’ai été stoppé par une blessure. Guingamp est un très bon club, familial et en même temps il y a tout ce qu’il faut. Il y avait aussi une très bonne ambiance entre nous. Nous étions une bonne bande de potes. Malheureusement sur le plan collectif, le club est descendu la saison où j’ai été blessé un an (ndlr : au printemps 2004).
A Guingamp, tu as évolué avec Didier Drogba et Florent Malouda. C’était comment de jouer avec ces deux joueurs-là qui étaient en pleine ascension à l’époque ?
Quand je suis arrivé à Guingamp, Florent était déjà là et c’était déjà un très, très bon joueur. En janvier 2002, comme le club était en difficulté au classement, Guy Lacombe a eu le nez creux en recrutant Didier Drogba. Même s’il nous a apporté par sa présence devant le but, ses six premiers mois ont été compliqués. Guy Lacombe a beaucoup tapé sur la tête de Didier Drogba mais il l’a fait beaucoup, beaucoup progresser. Et la saison d’après, il a complètement explosé en ayant un plus gros capital confiance et cela a profité à l’En Avant Guingamp. On finit septièmes sur les chapeaux de roue, en battant tous les gros et en se qualifiant pour la Coupe d’Europe. C’est l’une des meilleures saisons de l’histoire de Guingamp en Ligue 1. Pour ma part, je me suis éclaté avec eux. Comme c’était une équipe de copains, cela nous a permis de réussir de très, très grandes choses.
Comment arrives-tu au Havre en 2005 ?
Guingamp venait d’être relégué en Ligue 2 et le club a recruté Yvon Pouliquen comme entraîneur. Entre lui et moi, il n’y a jamais eu vraiment d’affinités. Donc, il n’a pas souhaité m’utiliser dans son effectif pour remonter en Ligue 1. Il n’a pas réussi non plus sans moi. Pendant six mois, comme j’ai très, très peu joué, je ne voyais plus d’intérêt de rester à Guingamp. J’ai préféré partir au Havre et Philippe Hinschberger m’a redonné goût au football. Je le remercie encore car c’est grâce à lui que j’ai vécu les meilleurs années de ma carrière après. Pendant les six premiers mois, j’ai retrouvé des sensations de joueur après quasiment un an sans jouer. Encore une fois, merci Philippe car c’est lui qui m’a remis le pied à l’étrier et je ne le remercierai jamais assez.
Comment ça s’est passé pour toi au Havre ?
Quand je suis arrivé au Havre, le club était dans une situation très délicate en Ligue 2 et a lutté pour le maintien. Pendant un moment, on avait sept points de retard sur le premier non-relégable et heureusement on s’en est sortis grâce à une superbe série en fin de saison. C’est paradoxal car on avait une superbe équipe composée de joueurs qui ont fait de grandes carrières mais la mayonnaise avait eu du mal à prendre.
Tu as notamment côtoyé Lassana Diarra, le nouveau milieu de terrain du PSG qui a été formé au Havre…
Il est parti quelques semaines après mon arrivée. Mais je me souviens d’un joueur qui avait déjà un talent énorme. Il y avait aussi Didier Digard, Guillaume Hoarau, Steve Mandanda, Jean-Mich’ Lesage ou Pierre Ducrocq. C’est vrai qu’on avait une belle équipe. Je pense que la transition entre les plus anciens et les plus jeunes avait du mal à se faire. Mais voilà, il y a des années comme ça.
« Avec le Levski Sofia, j’ai eu la chance de faire un quart de finale de Ligue Europa et de jouer la Ligue des Champions. Il y a un paquet de joueurs français qui n’ont jamais eu la chance de jouer cette compétition »
Après ton passage au Havre, tu arrives au Levski Sofia. Comment tu te fais recruter dans le championnat bulgare, un championnat méconnu en France ?
Je reprends la saison 2005/06 avec le Havre, je joue d’ailleurs le premier match de la saison à domicile. A ce moment-là, je suis contacté par un agent yougoslave qui me dit : « j’ai un club bulgare qui est intéressé par ton profil, il joue la Coupe d’Europe tous les ans, est-ce que ça t’intéresse ? ». Je lui ai répondu : « moi, je ne connais rien aux clubs bulgares, je joue actuellement en Ligue 2, mais la Ligue 2 ce n’est pas ce que je souhaite, je vais donc voir là-bas ce qu’il en est ». J’ai atterri à Sofia et j’y suis resté trois ans et demi.
Dans les interviews que tu donnes, on a l’impression que tu as vécu les meilleures années de ta carrière en Bulgarie ?
Avec le Levski Sofia, j’ai eu la chance de faire un quart de finale de Ligue Europa et de jouer la Ligue des Champions. Il y a un paquet de joueurs français qui n’ont jamais eu la chance de jouer cette compétition. J’ai donc vécu des moments exceptionnels. En plus, j’ai gagné des titres là-bas. Donc oui, je me suis éclaté footballistiquement en Bulgarie.
Comment communiquais-tu avec tes dirigeants, tes coachs et tes coéquipiers ? Parlais-tu en anglais ou as-tu appris le bulgare ?
Là-bas, ils parlent très peu l’anglais, du coup les trois-quatre premiers mois, j’ai dû me débrouiller. J’avais un copain nigérian qui me traduisait les consignes en anglais. Puis après, j’ai appris la langue sur le tas.
Comment as-tu vécu le football en Bulgarie ?
Disons qu’il y a cinq ou six équipes qui se battent pour les premières places et les autres ce sont plus des sparring-partners. J’ai eu la chance de vivre les gros derbys de Sofia qui sont chauds. Comme on a eu la chance de jouer la Coupe d’Europe, ça attirait du monde, le stade était plein. Quand on a reçu le FC Barcelone en 2005, il y avait 50 000 personnes. C’était un truc de fou. J’ai vraiment vécu des supers moments. Cette saison-là, le Barça a remporté la Ligue des Champions. En face de nous, il y avait Messi, Giuly, Eto’o, Ronaldinho, Puyol, Marquez, Thuram…C’était la petite équipe (rires). On n’avait pas eu de chance car on avait joué le Barça, Chelsea et le Werder Brême qui était aussi un gros morceau. C’était une expérience exceptionnelle.
C’était comment de se confronter à ces joueurs-là ?
Ils étaient tous impressionnants. J’ai rarement pris un bouillon comme ça contre une équipe. Iniesta-Xavi au milieu, c’était quelque chose quand même. Et quand on est en face de ce genre d’équipe, on essaie de faire ce qu’on peut. On essaie d’avoir le ballon de temps en temps (rires). Là-bas, on en avait pris cinq. On avait perdu 2-0 en Bulgarie, mais c’était presque un très bon résultat vu l’équipe qu’il y avait en face.
Quel était ton statut en Bulgarie ? Étais-tu considéré comme une star ?
Dans mon club, ouais, on était des stars. Puis c’était la première fois qu’une équipe du championnat bulgare se qualifiait pour la Ligue des Champions. Du coup, c’est vrai qu’on avait un statut particulier par rapport aux autres joueurs de foot en Bulgarie. La vie était agréable en tant que joueur de foot d’une grande équipe. Après la Bulgarie, ce n’est pas la France. En France, nous sommes habitués à certains acquis que nous n’avons pas dans d’autres pays. Mais attention, nous étions bien là-bas, ma famille était bien installée, mes enfants avaient la chance d’aller à l’école française. On ne manquait de rien. Ce n’était pas la France mais on n’était loin d’être malheureux.
« Parfois en France, on fait attention aux petits détails qui nous pourrissent la vie »
Pourquoi décides-tu de partir en Israël à Bnei Yehoudah après deux ans et demi au Levski Sofia ?
Avec le Levski Sofia, nous étions arrivés à la fin d’un cycle. Ça faisait deux ans de suite qu’on gagnait tout en Bulgarie. Du coup, on commençait à manquer de motivation et j’ai préféré aller voir ailleurs. Au mois de janvier, j’ai dit au club que je voulais partir et j’ai eu l’opportunité de jouer en Israël. Ça m’intéressait de partir là-bas. Il y avait un challenge intéressant aussi. C’était une très bonne expérience. J’y suis resté six mois. Je retiens la qualité de travail et la qualité de vie. La-bas, les terrains étaient très bien entretenus. On avait tout ce qui nous fallait. En plus avec le climat, c’était très agréable d’aller s’entraîner le matin. Puis sur le plan footballistique, il y avait un bon niveau. Quand je suis arrivé, le club n’était pas bien au classement et je suis reparti en laissant Bnei Yehoudah à la cinquième place.
Tu n’aurais pas aimé y rester plus longtemps en Israël ?
Il me restait un an de contrat. Mais le club israélien a eu une offre d’un club chypriote, l’Anorthosis Famagouste. L’offre était super intéressante pour eux, du coup ils ont dit : « c’est bon, ok, on vend ». Je serais bien resté en Israël, mais je me suis également bien senti à Chypre. Le club y trouvait son compte et moi aussi, donc je suis parti.
Que retiens-tu de ton année à Chypre ?
Avec l’Anorthosis Famagouste, j’ai joué ma deuxième Ligue des Champions. C’était une première pour un club chypriote. On a battu l’Olympiakos et l’Austria Vienne. Encore une fois, j’ai vécu une année vraiment riche. Dans le club, il y avait 23 nationalités différentes dont 18 internationaux. Il fallait que je fasse ma place. L’entraîneur était très, très, très exigeant. Malheureusement, on n’arrive pas à atteindre les objectifs fixés en championnat. Mais heureusement, on a fait une très bonne année en Coupe d’Europe. Ça reste des très bons souvenirs.
Pourquoi à la fin de la saison, tu décides de revenir au Levski Sofia ?
Le Levski Sofia m’a proposé d’intégrer le staff du club à la fin de ma carrière. Le président m’a dit : « écoute, je veux que tu reviennes. Je veux faire revenir les anciens qui ont fait la Ligue des Champions et qui ont permis de faire grandir le club ». A ce moment-là à Chypre, je ne m’entendais pas très bien avec le nouveau coach. J’ai alors dit au Levski Sofia : « si vous êtes capable de m’offrir le même salaire que l’Anorthosis Famagouste, pourquoi pas ». Finalement, la saison avec le Levski Sofia a été moyenne et de fil en aiguilles, ma famille et moi n’avions pas forcément envie de rester en Bulgarie. J’ai préféré arrêter mon expérience là-bas et rentrer chez moi. J’avais assez voyagé.
Avec toutes tes expériences à l’étranger, tu as dû apprendre tellement de trucs sur et en dehors du terrain…
Que ce soit pour moi ou les enfants, toutes les expériences ont été bonnes à prendre. Mais au niveau du foot, je me suis rendu compte qu’à l’étranger, on se prend beaucoup moins la tête. En France, on fait attention à tout : ce qu’on mange, les mises au vert et on oublie parfois le jeu. En Israël, on n’avait pas de contraintes, on arrivait au stade à 18h30. À l’étranger, j’ai retrouvé le plaisir du foot à l’état pur, sans se prendre la tête, celui que j’aimais quand j’étais gosse. Là-bas, c’était très sérieux aussi attention, mais on pensait à jouer puis c’est tout quoi. Parfois en France, on fait attention aux petits détails qui nous pourrissent la vie. Au final, j’ai eu de la chance : j’ai voyagé et j’ai fait le métier que j’aimais. Je me suis vraiment éclaté.
Tu as joué une dernière saison à Fréjus-Saint-Raphaël en National en 2010/11. Le changement a dû être brutal après tes nombreuses années à l’étranger…
J’ai fini à Fréjus-Saint-Raphaël où il y avait un vrai projet : la montée en Ligue 2. Le club avait les moyens de le faire mais malheureusement sur le terrain, on n’a pas réussi à remplir cet objectif. Puis à cette période, des douleurs au dos m’empêchaient de jouer. Aussi, je n’avais plus envie de faire les efforts par rapport à ce que je bouffais. Ça m’a permis de comprendre qu’il était temps d’arrêter.
Enfin, souhaites-tu ajouter quelque chose ?
Je me suis éclaté dans ce que j’ai fait. J’ai eu la chance de vivre mon rêve. Maintenant ça s’est arrêté, il faut savoir tourner la page et passer à autre chose. Et ça s’est bien passé grâce à l’appui de ma femme et des mes enfants.
Propos recueillis par Thierry Lesage