L’ancien joueur du Mans et de Lens, Daniel Cousin, ouvre la boîte à souvenirs de sa carrière : ses débuts à Martigues, ses deux saisons difficiles à Niort, sa renaissance au Mans avec Marc Westerloppe et Didier Drogba, ses buts à Lens et ses rapports tendus avec les supporters des Sang et Or, son passage aux Glasgow Rangers, sa saison en Premier League et sa fin de carrière au Gabon. Entretien.
Daniel Cousin, que deviens-tu depuis la fin de ta carrière de joueur de football professionnel ?
Je suis actuellement manager général de la sélection du Gabon depuis 4 ans. Nous sommes contents des prestations de notre capitaine, Pierre-Emerick Aubameyang. Il a fait superbe demi-saison avec Arsenal. Nous sommes très fiers de lui ici au Gabon. C’est notre Didier Drogba ou Samuel Eto’o national.
Que penses-tu des résultats actuels de Lens et du Mans, tes deux anciens clubs ?
Je suis content que Le Mans soit remonté en National. J’étais très déçu de voir ce club en divisions amateurs pendant plusieurs années à cause d’une mauvaise gestion. En plus, Le Mans a un stade magnifique. Pour moi Le Mans, c’est minimum un club de Ligue 2. Je sais qu’ils reviendront. Je me fais pas de soucis pour eux. Quant à Lens, je pense que le club est bien parti pour remonter en Ligue 1. Lens a bien recruté cet été et je suis confiant pour les Sang et Or.
Tu es arrivé à Marseille à l’âge de trois ans. Quels sont les premiers souvenirs de ton enfance ?
Je suis né au Gabon en 1977 et j’ai grandi dans la région marseillaise. J’étais un passionné de l’OM et je le suis toujours. Mon père nous emmenait souvent au Stade Vélodrome. J’ai vu les belles années de Bernard Tapie quand j’étais gosse. Mon joueur préféré était Jean-Pierre Papin. Il amenait du spectacle et des buts. Je me souviens quand Marseille a remporté la Ligue des Champions en 1993. J’avais 16 ans et j’étais chez des amis. Dès qu’on a gagné, on a pris la voiture et on est descendu sur le Vieux Port de Marseille. C’était le feu.
Quand il jouait à Marseille, Didier Drogba voulait que tu le rejoignes à l’OM…
J’aurais aimé jouer à l’OM pendant ma carrière. J’ai joué avec Didier au Mans. C’est un très bon ami. Quand il jouait à Marseille en 2004, je l’enviais un peu (rires). Après, c’était une histoire d’agents. Je travaillais avec des personnes et lui travaillait avec d’autres personnes. Mais deux mois après en avoir parlé avec lui, il signait à Chelsea. Derrière Marseille a acheté Peguy Luyindula.
« Marc Westerloppe est très fort sur le plan psychologique. Il te fait prendre conscience de tes qualités. Il trouve les mots justes. Et surtout, il ne te lâche pas. Il a fait énormément de bien à beaucoup de jeunes au Mans et notamment Didier Drogba »
Tu as commencé ta carrière professionnelle à Martigues en 1997. Comment es-tu arrivé dans ce club qui était en L2 à l’époque après avoir joué plusieurs saisons en L1 ?
Au départ, je jouais à Michelis, un club de Marseille Sud. Un jour, on a joué contre les Caillols et j’ai marqué deux-trois buts. Il y avait pas mal de recruteurs et notamment Guy Lacombe. Du coup, j’ai fait un essai à Cannes. C’était en 1994, l’époque où il y avait toute la bande : les Vieira et Micoud. Ça s’est bien passé sauf que l’AS Cannes ne m’a pas proposé de contrat stagiaire-pro. Je suis donc parti à Martigues qui m’a fait signer stagiaire tout de suite.
Quelles personnes ont été importantes pour toi à tes débuts au FC Martigues ?
Paul Marchioni, ex-joueur de Bastia lors de l’épopée en Coupe d’Europe en 1978, m’a aidé à me dépasser. Il était en charge de la formation à Martigues. Il a été important pour moi car il m’a fait prendre conscience que j’avais les qualités pour devenir un joueur de Ligue 1. J’ai marqué cinq buts en Ligue 2 lors de la saison 1997/98 mais malheureusement Martigues est descendu en National en fin de championnat. Ensuite, j’ai été transféré à Niort.
Quels souvenirs gardes-tu de tes deux saisons à Niort ?
Niort, ce n’est pas un bon souvenir car je me suis pété le tendon rotulien au bout d’un mois. J’ai été blessé quatre mois. Du coup les Chamois Niortais ont recruté Philippe Chanlot. Il a marqué rapidement et je n’ai plus joué. Je me suis retrouvé sur le banc. Ma blessure m’a freiné et m’a également aidé à me forger un mental. Après ça, j’avais vraiment envie de prouver que j’avais les qualités pour m’imposer en Ligue 2 et surtout en Ligue 1. A l’époque, Angel Marcos était le coach de Niort et nos relations étaient froides car j’avais envie de partir. J’étais en contacts avec Le Mans qui voulait déjà me récupérer depuis l’époque où j’étais à Martigues. En 2000, j’ai donc signé au Mans.
Au Mans, tu as connu deux entraîneurs qui ont compté pour toi : Marc Westerloppe puis Thierry Goudet…
Ces deux hommes ont été très importants dans ma carrière. Surtout Marc Westerloppe. Heureusement qu’il m’a tendu la main, qu’il m’a appelé pour me dire : « moi, je crois en toi, je sais que tu as les qualités pour devenir un très bon attaquant ». C’est un coach qui est très proche des joueurs. Il est très fort sur le plan psychologique. Il te fait prendre conscience de tes qualités. Il trouve les mots justes. Et surtout, il ne te lâche pas. Il a fait énormément de bien à beaucoup de jeunes et notamment Didier Drogba. Quant à Thierry Goudet, c’est à peu près le même profil. Après Thierry Goudet, il aime bien gueuler (rires). Il m’a lui aussi fait totalement confiance. Quand il est arrivé sur le banc du Mans, il m’a dit : « tu es mon attaquant numéro un et je compte sur toi ». Cela a payé car je me suis senti en confiance dans ce club familial. A l’époque, j’aimais bien la politique du Mans car il y avait beaucoup de jeunes. Les seuls joueurs d’expérience étaient Olivier Pickeu, Claude Fichaux et Olivier Pedemas. C’était différent de Niort où il y avait beaucoup de vieux briscards. Ça s’est donc super bien passé au Mans, même s’il m’a fallu six mois pour me remettre dans le bain.
« Quand Le Mans est monté en 2003, des sponsors sont arrivés, le club a eu plus de moyens et a donc énormément recruté. Les joueurs en fin de contrat n’ont pas été conservés. Personnellement, quand je serai entraîneur, je ne casserai pas l’ossature d’une équipe qui vient de monter »
Quels étaient tes rapports avec Didier Drogba au Mans ?
Ça se passait bien. Je le trouvais super fort à l’entraînement. Après, il avait du mal à reproduire tout ça en matchs. Au Mans, il faisait des bonnes choses mais il manquait de constance. Peut-être que son départ à Guingamp l’a boosté. Florent Malouda l’a beaucoup aidé aussi. Là-bas, il a pris conscience qu’il pouvait faire quelque chose de grand. Au Mans, il avait déjà une puissance extraordinaire. C’était un taureau ce mec. Mais moi à l’époque, j’étais plus constant que lui. C’est pour ça que je jouais plus au Mans.
En 2002/03, Le Mans a réussi pour la première fois de son histoire à monter en Ligue 1. Quels souvenirs gardes-tu de cette saison sur le plan collectif et individuel (ndlr : 15 buts en championnat) ?
Le meilleur souvenir est que personne ne nous attendait cette saison-là. Le Mans était catalogué comme un club de Ligue 2. A l’été 2002, Le Mans a réalisé un super recrutement en prenant Laurent Peyrelade et Philippe Celdran. Deux anciens de Ligue 1 qui sont venus apporter une touche d’expérience. Il y avait une ambiance fabuleuse dans le groupe. Dès la préparation, on a senti que le niveau de l’équipe avait monté d’un cran. On avait même parfois l’impression que le niveau de la Ligue 2 avait baissé. Nous étions très bons, nous jouions en équipe. C’était le fruit du travail effectué depuis de longues années au Mans. C’était une belle récompense car 80% de l’équipe était composé de mecs formés au club. Quand Le Mans a validé son ticket en L1, j’étais avant tout content pour le club, pour la ville et la région. Je ne pense pas que les Manceaux pensaient voir un jour leur club en Ligue 1.
Pourquoi Le Mans est-il redescendu dès la saison suivante en Ligue 2 ?
Aujourd’hui avec de l’expérience et du recul, je connais la raison. Quand une équipe monte, il faut garder la dynamique. Il ne faut pas vouloir tout casser. Quand Le Mans est monté en 2003, des sponsors sont arrivés, le club a eu plus de moyens et a donc énormément recruté. Les joueurs en fin de contrat n’ont pas été conservés. Personnellement, quand je serai entraîneur, je ne casserai pas l’ossature d’une équipe qui vient de monter. Aujourd’hui, une équipe comme Angers a presque gardé la même équipe que lors de la montée en 2015 et ça paye. Nîmes non plus n’a pas beaucoup changé son effectif et ça ne les a pas empêchés de bouger Marseille.
Pourtant sur le plan personnel, tu as réalisé une belle saison 2003/04 avec Le Mans…
J’ai marqué onze buts pour ma première saison en Ligue 1. J’ai joué sur mes qualités. Je me disais : « essaie de reproduire en Ligue 1 ce qui a marché en Ligue 2. En L1, tu auras une ou deux occasions mais pas dix, donc il faut la mettre au fond absolument ». Puis j’avais surtout la confiance de Thierry Goudet. Même si je faisais un match moyen ou pourri, je savais que j’allais être titulaire le match d’après. C’est important ça. Malheureusement, on a manqué le maintien pour un point en fin de saison (ndlr : Le Mans 19eme a fini à un point de Bastia, 17eme, et Toulouse, 16eme).
« J’ai eu quelques tensions avec les supporters lensois car mon transfert à Monaco a capoté à l’hiver 2007. Ce sont des passionnés et ils veulent que les joueurs ne jurent que par leur club, qu’ils s’investissent totalement. J’ai dit publiquement que je voulais partir et je reconnais que c’était une erreur. Ça s’est retourné contre moi »
Pourquoi as-tu signé à Lens en 2004 ?
Lens était un club que j’appréciais beaucoup et en plus Olivier Thomert que je connaissais bien jouait là-bas. L’ex-directeur sportif, Francis Collado, je l’avais aussi côtoyé à Martigues. J’aurais pu partir en Angleterre, à Rennes ou à Bordeaux. Mais sur le plan contractuel, Lens était le meilleur choix. Je voulais aussi jouer pour le meilleur public de France. Bon après, mes six derniers mois ont été chauds (rires). J’ai eu quelques tensions avec les supporters lensois car mon transfert à Monaco a capoté à l’hiver 2007. Ce sont des passionnés et ils veulent que les joueurs ne jurent que par leur club, qu’ils s’investissent totalement. J’ai dit publiquement que je voulais partir et je reconnais que c’était une erreur. Ça s’est retourné contre moi. Au final à Lens, mes deux premières saisons se sont très bien déroulées. J’aimais beaucoup les séances d’entraînement de Joël Muller, il m’a beaucoup apporté. En 2005/06, j’ai réalisé ma meilleure saison en inscrivant treize buts en championnat et dix-huit toutes compétitions confondues sans compter une dizaine de passes décisives. De plus, Lens a fini 4eme cette saison-là et s’est qualifié pour la Coupe de l’UEFA.
Quels sont tes buts les plus marquants avec Lens : ton doublé face à Auxerre en 2005 (7-0) à Bollaert ou ton doublé au Parc des Princes en 2006 (3-1) ?
Plein de buts m’ont marqué. Notamment ceux inscrits en Coupe de l’UEFA contre Parme ou le Bayer Leverkusen. Mais c’est vrai que le 7-0 face à Auxerre reste un souvenir fabuleux. J’ai pris une petite revanche sur Jacques Santini. Quelques années auparavant, on m’avait proposé à Lyon et lui voulait me prêter dans la foulée. Mettre un doublé contre Auxerre devant lui, ça m’a fait plaisir (rires). Puis au niveau de l’ambiance, Bollaert a été incroyable ce soir-là. Sur le terrain, notre réussite était insolente. Dès qu’on frappait, ça faisait but. Je pense que nous étions largement supérieurs à eux ce soir-là. J’ai encore le DVD de ce match. C’était d’ailleurs la première rencontre en Ligue 1 pour Abou Diaby. Pour revenir à mes buts importants avec Lens, j’ai mis aussi un beau coup-franc face à Nantes. Quant au doublé au Parc, c’était la période où j’étais en froid avec les supporters lensois. Je suis parti m’échauffer, ils m’ont sifflé et je suis rentré à la mi-temps. Mettre un doublé au Parc des Princes, ce n’est pas donné à tout le monde et c’était quand même Mickaël Landreau en face.
Comment as-tu vécu cette période de tensions avec les supporters lensois ?
Je la vivais mal mais je languissais la fin de saison pour partir. A l’hiver 2007, Frederic Piquionne devait quitter Saint-Étienne pour aller à Lens et moi je devais partir à Monaco. Je m’étais déjà mis d’accord avec l’ASM. Même si leur priorité était Frédéric Piquionne. J’étais leur second choix. Deux jours avant la fin du mercato, Fred Piquionne change d’avis et part à Monaco. Moi de mon côté, j’avais déjà annoncé mon départ dans les médias et au club. Je m’entraînais pratiquement plus. J’avais dit à Francis Gillot que j’avais la tête ailleurs. Du coup, je me suis retrouvé coincé en fin de mercato. J’étais vraiment fâché. Très fâché. Je l’ai montré très clairement. J’étais sous contrat donc j’étais obligé de rester. Les supporters ont commencé à me dire : « casse toi, on ne veut plus de toi, si tu ne veux pas rester tu t’en vas ». Ils m’ont pris en grippe, c’est tout. Je n’ai pas aimé qu’ils s’attaquent à l’homme et c’est donc parti en vrille.
Tu as côtoyé plein de très bons joueurs à Lens comme Alou Diarra, Eric Carrière, Jérôme Leroy ou Seydou Keita. Qui t’a le plus marqué ?
Jérôme Leroy. J’ai rarement vu un joueur aussi fort techniquement. Il n’étais pas très rapide mais sa technique balle au pied était impressionnante. Il était imprévisible. Pour moi, Jérôme Leroy était du niveau de Micoud ou Zidane sur le plan technique. Il lui manquait juste de la puissance dans son jeu. Des fois, il réalisait des trucs de folie, je me demandais comment il nous faisait ça. Dans tous les clubs où il est passé, il a laissé une belle image. Sur le plan collectif, j’avais de très bonnes connexions avec lui et Seydou Keita. Moins avec Eric Carrière. On avait du mal à se trouver dans le jeu. Ça reste un très beau joueur mais la complémentarité, ça ne s’explique pas toujours.
« Quand j’ai quitté l’Écosse, les dirigeants des Rangers m’ont dit : « on ne t’oubliera jamais parce que tu as marqué contre le Celtic » »
Pourquoi as-tu choisi de rejoindre les Glasgow Rangers en 2007 ?
J’ai choisi les Glasgow Rangers parce qu’ils jouaient la Ligue des Champions. Il y avait Jean-Claude Darcheville et Brahim Hemdani à l’époque. C’était une très belle expérience. J’ai découvert la C1 et les Rangers ont joué la finale de Ligue Europa en 2008. J’ai aussi découvert la rivalité entre les Rangers et le Celtic.
Comment vit-on cette rivalité entre le Celtic Glasgow et les Glasgow Rangers quand on est joueur ?
Les Écossais la vivent plus intensément que nous. Après nous aussi on a envie de gagner. Le club aussi. Quand j’ai signé aux Glasgow Rangers, ils m’ont dit : « il faut battre le Celtic ».
Tu as d’ailleurs marqué un superbe but à l’issue d’un exploit individuel en août 2008…
J’étais content d’avoir marqué ce très beau but. En plus, c’était à Celtic Park. Quand je suis parti, les dirigeants des Rangers m’ont dit : « on ne t’oubliera jamais parce que tu as marqué contre le Celtic ». En plus, j’ai marqué deux fois contre eux.
Pourquoi as-tu signé à Hull City en 2008 ?
Parce que j’avais envie de découvrir la Premier League et parce que mon ami Bernard Mendy jouait là-bas. Je reconnais que c’était plus un choix financier que sportif. Hull City venait de monter et a fait la même erreur que Le Mans en chamboulant pratiquement toute l’équipe. Les quatre-cinq premiers mois ont été bons et ensuite la réalité nous a rattrapés. Personnellement, j’ai marqué à Old Trafford et à l’Emirates. Nous avions perdu 3-4 face à l’équipe de Cristiano Ronaldo. J’ai découvert la Premier League à 32 ans. Avec du recul, je serais venu plus jeune car c’est un super championnat. Après Le Mans, j’avais notamment l’occasion d’aller à Fulham ou Middlesborough.
« Je remercie mon père pour la carrière que j’ai faite. C’est grâce à lui. C’est lui qui m’a poussé, c’est lui qui m’a transmis sa passion. Je suis fier de l’avoir rendu heureux pendant ma carrière »
Raconte nous ta fin de carrière au Gabon…
Au départ, je devais signer au Servette Genève. Ça traînait et j’ai reçu un appel de Pierre Aubame, le père de Pierre-Emerick Aubameyang. Il avait repris un club au Gabon et me proposait une reconversion derrière avec l’équipe nationale. J’ai accepté tout de suite le challenge. Au Gabon, le niveau n’a rien à voir avec l’Europe. Ça ressemble plus au CFA. Je suis venu au Gabon pour partager mon expérience et préparer ma reconversion. Ça s’est bien passé même si à la fin je n’avais plus trop l’énergie pour faire les efforts.
Tu as aussi joué la CAN 2012 à domicile…
Le Gabon a atteint les quarts de finale. Malheureusement on s’est fait éliminer aux tirs-au-but par le Mali. Les supporters y ont cru jusqu’au bout, l’ambiance était extraordinaire. Nous étions vraiment déçus car nous avons remporté les trois premiers matchs de poule face au Niger, au Maroc et la Tunisie. Ce n’est pas rien. Ça reste un très beau souvenir en tout cas.
Enfin, souhaites-tu ajouter quelque chose ?
Mon père est décédé et je le remercie pour la carrière que j’ai faite. C’est grâce à lui. C’est lui qui m’a poussé, c’est lui qui m’a transmis sa passion. Je suis fier de l’avoir rendu heureux pendant ma carrière.
Propos recueillis par Thierry Lesage
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