Aujourd’hui à la recherche d’un nouveau challenge en tant qu’entraîneur adjoint ou entraîneur des gardiens, Olivier Pedemas te fait revivre les grandes heures du Mans à travers son témoignage. L’ancien gardien de but formé à Toulouse raconte également son après-carrière qui l’a mené en Côte d’Ivoire ou au Qatar. Entretien.


Olivier Pedemas, que deviens-tu depuis la fin de ta carrière pro ?
A la fin de ma carrière, j’ai intégré le staff technique du Mans. En 2002/03, j’ai été la doublure de Jean-François Bedenik tout en étant entraîneur des gardiens en même temps. A l’époque, Yohann Pelé était jeune gardien remplaçant au Mans. Ensuite, j’ai définitivement intégré le staff à plein temps en tant qu’entraîneur des gardiens du Mans. Aujourd’hui, je suis à la recherche d’un nouveau challenge. Je pensais partir avec Sabri Lamouchi à Rennes il y a quelques jours. Mais ça ne s’est pas fait. Maintenant j’attends et je recherche un poste d’adjoint ou d’entraîneur des gardiens.


Tu as longtemps été gardien du Mans. Comment as-tu vécu la descente aux enfers du club sarthois ?
Je l’ai mal vécue comme tout le monde. Nous avions réussi à mettre en place de superbes structures, une superbe organisation, un très bon centre de formation. Il y avait tout pour continuer sur cette bonne dynamique. Après dans le football on ne maîtrise pas tout. Ça fait mal. De mon côté, je suis parti en 2012, quelques mois avant que le club ne se casse la gueule.


Tu as été gardien de but au cours de ta carrière. Comment vois-tu l’évolution du poste entre les années 90-2000 et aujourd’hui ?
L’évolution du poste s’est surtout faite au niveau du jeu au pied. Ça commençait déjà un peu à changer quand j’étais en fin de carrière. Maintenant, le gardien de but est un joueur de champ à part entière. Dès la première relance, on compte aussi sur le gardien de but pour faire des décalages.


Revenons à ta carrière. Quels sont tes premiers souvenirs de joueur de football professionnel à Toulouse ?
Mon meilleur souvenir, c’est le jour où j’ai signé professionnel. Après, je n’ai pas spécialement de mauvais souvenirs à part ma blessure aux deux genoux. Cela m’a empêché de tenir ma place en Ligue 1 à Toulouse. A l’époque, j’ai été marqué par Yannick Stopyra. Il était international. C’était une star de l’époque. Je me souviens aussi quand je suis arrivé dans le groupe pro, j’étais à côté de Dominique Rocheteau dans le vestiaire. Quelques années auparavant je le regardais à la télé, et là j’étais à côté de lui, c’était incroyable (rires). Ça m’a marqué. Il était super sympa avec les jeunes. Très calme et très disponible.

 

« Quand je suis arrivé au Mans, il y avait beaucoup de simplicité, c’était encore un petit club à l’époque »


Comment c’était d’être joueur de Toulouse au début des années 90 ?
A l’époque, c’était plus une bande de copains. Il y avait beaucoup plus de relations en dehors du football, des sorties. C’était beaucoup plus convivial. Maintenant, c’est un peu chacun pour soi, chacun dans son monde. Chacun a son environnement avec son agent, son machin, son truc. Chaque joueur est dans sa bulle et gère sa carrière avant tout. Mais après, il ne faut pas critiquer. A l’époque, les codes n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Nous n’avions pas les jeux vidéo ou les téléphones portables. Chaque époque a ses codes.


Tu as vu arriver Fabien Barthez à Toulouse. Quels souvenirs gardes-tu de lui sur et en dehors du terrain ?
Sur le terrain, c’était un très bon gardien de but. C’était un gamin un peu fou-fou. Il était insouciant et c’est ce qui faisait sa force. Ce qui était atypique, c’est qu’il n’était pas très grand pour un gardien de but. Mais il avait une bonne détente et sautait un peu partout. Il avançait sur le ballon, il n’avait peur de rien.


Comment signes-tu au Mans en 1993 ?
Je me suis pété le genou et du coup Toulouse avait engagé Alain Casanova pour me remplacer. Quand je suis revenu, le club m’a proposé un poste de doublure. Alain Casanova faisait le boulot, il n’y avait donc pas de raisons de le mettre sur le banc. J’avais des propositions pour être doublure en Ligue 1. Mais je préférais jouer même si c’était en Ligue 2. Le Mans avait un beau projet. Je partais de chez moi pour la première fois. La suite m’a prouvé que j’avais fait le bon choix.


Comment ça se passait au Mans au milieu des années 90 ?
Il y avait l’entraîneur, le directeur sportif et le président. Sur le terrain, il y avait une bande de potes qui a œuvré pendant plusieurs années pour faire monter le club en Ligue 1. Il y avait beaucoup de simplicité, c’était encore un petit club à l’époque. C’était très convivial. C’était vraiment une bonne période. Notre dynamique permettait aussi aux jeunes de bien s’intégrer. L’engouement au Stade Léon-Bollée était super. Les plus belles pages du Mans ont été écrites au Stade Léon-Bollée. Après, il y a eu le grand stade. C’était bien pour le business, mais c’était un peu plus froid.

 

« Je garde un super souvenir de la montée en Ligue 1 avec Le Mans »


Pourquoi pars-tu à Châteauroux en 1998 ?
Je pense qu’il y a eu un malentendu avec les dirigeants manceaux car je sortais de deux belles saisons. Ils ont cru que je voulais demander des mille et des cents alors que c’était faux. Au club, ils ont voulu introniser le gardien qui était derrière moi, mais ça n’a pas trop marché. A Châteauroux, on m’avait promis une place de titulaire, mais en fait c’était faux. Donc on m’a vite rappelé pour revenir au Mans la saison d’après. Et j’ai bien fait. C’était un soulagement de revenir au Mans. Ça me permettait de rejouer et c’était primordial. Je préférais même jouer en réserve plutôt que d’être sur le banc. Au Mans, je revenais dans un environnement que je connaissais. C’était super.


Au début des années 2000, on sent que Le Mans est un club qui grandit. Comment as-tu vécu cette période de l’intérieur ?
C’était une belle période. En 2001/02, nous avions raté la montée en Ligue 1 de très peu. On avait de la qualité dans le groupe à l’époque pour monter. Après mon retour, il y avait plein de très bons jeunes. Quand on a vu arriver Laurent Bonnart, il était tout petit, mais finalement il nous a vite montré que c’était un très bon joueur.


Didier Drogba a débuté au Mans. Quels souvenirs gardes-tu de lui quand il jouait en Ligue 2 ?
C’était un jeune qui avait des qualités exceptionnelles. Il était un peu fou-fou au début. Peut-être qu’au début, cela a pris un peu de temps car il n’avait pas très bien compris tous les efforts qu’il fallait faire. Puis il y avait déjà Daniel Cousin qui était installé en attaque. C’était un très bon joueur aussi. Il enchaînait les buts, donc c’était difficile pour Didier de prendre sa place. Mais à chaque fois qu’il rentrait, il marquait un but. On voyait qu’il allait bientôt s’imposer. On savait que Didier Drogba allait faire une carrière professionnelle mais après personne ne pouvait dire qu’il allait faire la carrière qu’il a réalisée. Mais à l’époque, on était sûrs qu’il allait jouer en Ligue 1.


Ensuite comment as-tu vécu la première montée du club en 2002/03, une saison durant laquelle tu étais plus dans l’ombre de Jean-François Bedenik ?
A l’époque, mon rôle était d’encadrer « Jeff » et Yohann Pelé. Je faisais office de doublure et je les entraînais en même temps. C’était un peu rocambolesque mais ça s’est super bien passé. Jean-François Bedenik et Yohann Pelé sont deux super mecs qui travaillaient beaucoup. Ils avaient beaucoup de qualités et nous nous sommes régalés. Pour ma part, je garde un super souvenir de la montée en Ligue 1. Le coach Thierry Goudet m’avait d’ailleurs permis de jouer le dernier match de la saison à Léon-Bollée contre Amiens (1-1). C’était un peu symbolique et l’aboutissement d’une belle aventure après avoir œuvré pendant plusieurs années pour décrocher cette montée en Ligue 1.

 

« Après avoir entraîné Yohann Pelé quatre-cinq ans au Mans, c’était un grand moment pour moi de le voir dans le groupe France en 2008 »

 

Tu as été entraîneur des gardiens au Mans. Que pensais-tu de Yohann Pelé à l’époque ?
C’était déjà un super gardien quand il était jeune. En plus, c’est super mec. On lui a collé une mauvaise réputation de fêtard. C’est faux, archi-faux. Il est comme tous les joueurs qui fêtent leurs victoires. Je n’ai jamais eu de problème avec lui. Comme il n’était pas très ouvert aux médias, peut-être qu’on lui a collé cette mauvaise réputation. Après l’avoir entraîné quatre-cinq ans au Mans, c’était un grand moment pour moi de le voir dans le groupe France en 2008. Yohann Pelé a le profil du gardien moderne, il comprend bien le jeu.


Comment juges-tu l’évolution de la carrière de Yohann Pelé, le fait qu’il soit revenu à Sochaux, puis Marseille, après plusieurs années sans jouer ?
C’est incroyable. A Toulouse, il a eu une embolie pulmonaire. Trois ans plus tard, il arrive à revenir. C’est fabuleux. En faisant ça, il a répondu à tout le monde. Yohann aime le football et son métier. Sa réputation ne collait pas à ce qu’il est vraiment. S’il était comme on le présentait, il aurait lâché. Yohann est sérieux et professionnel.


Pourquoi décides-tu de quitter Le Mans en 2012 ?
A ce moment-là, le club commençait à partir en vrille. J’avais fait des efforts en baissant mon salaire lors des deux ou trois dernières années. On voulait encore me baisser mon salaire. Je sentais que la confiance des dirigeants n’était plus comme avant. Du coup, je n’étais pas trop d’accord avec ce qu’on me proposait. Pendant cette négociation, j’ai été sollicité par Sabri Lamouchi qui venait d’être nommé entraîneur de la Côte d’Ivoire. Il m’a appelé pour que je fasse partir de son staff. Donc c’est très bien tombé, et cela a accentué mon choix de vouloir passer à autre chose.


Quels souvenirs gardes-tu de cette expérience en Côte d’Ivoire ?
C’était une super expérience. Incroyable. On a participé à la CAN 2013 et à une Coupe du monde. Forcément, j’ai beaucoup appris grâce à ces expériences.


Que penses-tu du coach Sabri Lamouchi ? Le Stade Rennais a-t-il fait le bon choix ?
Sabri Lamouchi est un jeune entraîneur et il va réussir à s’imposer en Ligue 1. Il a toutes les qualités pour le faire. Après est-ce que Rennes a fait le bon choix ? C’est toujours pareil, il faut attendre de voir les résultats. Mais Sabri Lamouchi m’a marqué notamment par son professionnalisme et sa rigueur. Il est pragmatique, proche de ses joueurs, tout est préparé minutieusement. Il a toutes les compétences pour devenir le bon choix de Rennes.


« J’ai des fourmis dans les jambes et dans les gants. J’ai envie d’appartenir à une équipe et à un staff »


Tu as aussi été entraîneur des gardiens au Qatar à El Jaish. Comment as-tu vécu cette expérience footballistique au Qatar ?
Il y a tout pour réussir, notamment au niveau des structures : des stades, l’environnement. Mais après le niveau doit encore s’élever.


Tu as vécu au Qatar, comment le pays se prépare-t-il à accueillir la Coupe du Monde 2022 ?
Les installations poussent de partout. Doha est une ville en travaux perpétuels. Ça avance. J’ai eu la chance de voir la finale de la Coupe de l’Émir en mai dernier. Le stade fait 60 000 places et devrait accueillir le match d’ouverture de la Coupe du Monde 2022. Le stade est climatisé. C’est impressionnant. Il fait 30° dehors et 22° dans le stade. C’est quand même incroyable. Sur le toit du stade, tout est aussi prévu pour faire des feux d’artifice. Il y a aussi plein de jeux de lumière. Ils ont tout prévu.


Enfin, sur le plan personnel, quels sont tes projets pour le futur ?
Je souhaite trouver un challenge dans un club car je suis impatient. J’ai des fourmis dans les jambes et dans les gants. J’ai envie d’appartenir à une équipe et à un staff. Le travail d’équipe me manque.


Propos recueillis par Clément Lemaître

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