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Aujourd’hui conseiller sportif et associé à son cousin, agent de joueur, Habib Bamogo vous fait revivre le football des années 2000 à travers sa carrière : ses débuts à Montpellier où il raconte ses premiers pas en Ligue 1 et ses souvenirs de Louis Nicollin, ses années contrastées à l’OM, ses saisons à Nice où il a aimé être entraîné par Frédéric Antonetti, « au top tactiquement ». Entretien direct avec l’ex-goleador de la Mosson.


Habib Bamogo, que deviens-tu depuis la fin de ta carrière de joueur de football professionnel ?
Je suis associé à mon cousin qui est agent de joueur. J’ai le rôle de conseiller sportif. Je suis toujours dans le milieu du football donc forcément ça me plaît. Ça me plaît beaucoup d’être au contact des plus jeunes. Je vois énormément de matchs, je suis au plus près du terrain, j’aime bien ça.


Avant de parler de ta carrière, que penses-tu de la saison de tes anciens clubs Montpellier, Marseille et Nice ?
Montpellier fait une très bonne saison. Cette équipe ne propose pas le plus beau jeu du championnat mais elle est très efficace. C’est à l’image de son entraîneur Michel Der Zakarian. La saison de Montpellier est satisfaisante car ils ont quasiment passé toute la saison dans la première moitié de tableau. Marseille a eu un début de saison difficile mais il fallait laisser le temps à Rudi Garcia de mettre les choses en place et de faire son propre recrutement. J’espère que l’OM se qualifiera pour la Ligue des Champions. Quant à Nice, son plan est super cohérent depuis trois-quatre ans. C’est satisfaisant aussi.


Revenons en arrière Habib. Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir joueur de football professionnel ?
Depuis tout petit, j’ai toujours aimé jouer au foot. Que ce soit dans la rue, à l’école ou en club. A l’époque, je ne regardais pas trop les matchs à la télé, d’ailleurs peu de matchs étaient diffusés. Moi, j’étais tout le temps dehors pour vivre ma passion du foot. A 13 ans, j’ai intégré l’INF Clairefontaine. C’est là que ç’a vraiment commencé car j’étais dans un cadre un peu plus professionnel. J’y ai côtoyé des joueurs de haut niveau. C’est à Clairefontaine que j’ai commencé à rêver.


Raconte-nous ta période à Clairefontaine, les bons et les mauvais moments que tu as pu vivre…
C’était un honneur de rentrer à Clairefontaine car il y avait tellement de grands joueurs qui étaient passés là-bas. A l’époque, nous étions encore jeunes et nos familles nous manquaient. J’ai eu de la chance car la mienne était en Île de France donc je n’étais pas si loin que ça. On rentrait le week-end dans nos clubs et nos familles et ça nous laissait le temps de grandir.


Tu penses que le fait d’avoir ta famille proche de Clairefontaine a été un avantage pour toi ?
Ouais bien sûr, ça m’a facilité la tâche. Ce n’est pas l’idéal d’être éloigné de ses parents quand tu as 13 ans.


« Je n’ai que des bons souvenirs de Louis Nicollin. C’était quelqu’un de vrai, quelqu’un qui n’avait qu’une parole »


Comment Montpellier t’a recruté à l’époque ?
Après trois ans à l’INF Clairefontaine, beaucoup de joueurs sont sollicités. Moi, j’intéressais Rennes, Paris et Montpellier. A Montpellier, il y avait Mama Ouattara qui était Ivoirien. Il a un peu parlé avec mon père. Il est Burkinabè, ils se sont un peu compris. Il lui a dit qu’il lui confiait son fils, qu’il devait prendre soin de moi. Forcément, ç’a pesé dans la balance. A 16 ans, je suis arrivé dans le Sud, dans un environnement qui n’avait rien à voir avec Paris. Mais comme l’intérêt commun était le football, l’intégration a été largement facilitée.


Comment as-tu vécu l’éloignement avec ta famille lors de tes premiers mois à Montpellier ?
J’étais un peu plus armé parce que j’avais 16 ans. Je rentrais dans un centre de formation, ça ne se refusait pas. Beaucoup de jeunes rêvent de ça. Il ne fallait pas laisser passer cette opportunité. J’appelais souvent ma famille et elle descendait souvent à Montpellier. J’étais totalement concentré sur le foot et ça s’est vraiment bien passé. Dans ma génération, il y avait Fodé Mansaré, Jody Viviani, Ahmed Madouni, Geoffrey Doumeng ainsi que Rudi Riou et Remy Vercoutre qui terminaient leur formation.


Quel était le rapport entre Loulou Nicollin et les jeunes du centre de formation de Montpellier ?
A l’époque au centre de formation, nous ne le croisions pas trop. Quand j’ai intégré le groupe pro ensuite, j’ai eu de très bons rapports avec lui. J’aimais beaucoup Louis Nicollin car c’était un homme très, très passionné. Il était prêt à tout pour son club. Qui dit passion, dit aussi énervement donc quand il n’était pas content il nous criait dessus et il pouvait même nous insultait. C’était quelqu’un de vrai, quelqu’un qui n’avait qu’une parole. Je n’ai que des bons souvenirs de Louis Nicollin.


Quels sont tes premiers souvenirs de Ligue 1 ?
J’ai commencé à m’entraîner avec les pros avant la montée de 2001 et j’ai intégré le groupe pro lors de la saison 2001/02. Le premier souvenir que je garde est mon premier match face à Metz (3-0, 3eme journée). Je suis rentré à cinq minutes de la fin, à la place de Francis Llacer. C’était l’aboutissement de tout mon travail. Je me rappelle forcément aussi de mon premier but, c’était contre Lyon (3-0, 16eme journée). J’avais battu Grégory Coupet. Ce moment restera gravé. Quand t’es jeune et que tu es dans les tribunes, tu peux avoir l’impression que la Ligue 1 c’est facile, mais non ça va à 2000 à l’heure. L’impression des tribunes est super fausse. Pour être à l’aise sur le terrain, il faut travailler dur pour se mettre au niveau. Lors de mes débuts en Ligue 1, j’ai aussi été impressionné par Shabani Nonda, c’était un sacré joueur. Sans sa grave blessure à Paris en 2004, il aurait pu réaliser une carrière encore plus grande.


Lors des deux saisons suivantes, le duo d’attaque que tu formais avec Rui Pataca a marqué les esprits…
Au départ, j’ai été formé comme ailier droit. Au début de la saison 2003/04, le coach Gérard Bernardet est venu me voir pour me dire : « Habib, cette saison on ne peut pas recruter, il faut que tu joues en pointe ». Au départ, j’étais un peu réticent car le poste d’ailier droit était celui que je maîtrisais le mieux. Devant, j’étais associé avec Rui Pataca qui était un joueur super combatif, bon de la tête. On me demandait de tourner autour de lui. Lors de cette saison-là, j’ai marqué 16 buts en Ligue 1.


« L’engouement est super fort à Marseille, donc ça fait de toi quelqu’un de spécial dans la ville. Tu défends la fierté des Marseillais. Ça va au-delà du foot »


Quel bilan fais-tu de tes années montpellieraines ?
Montpellier, c’était ma maison. Je suis arrivé à 16 ans, je suis reparti à 22 ans. Aujourd’hui, j’ai toujours de bonnes relations avec les gens au club. Ça m’arrive d’aller voir jouer Montpellier. Le club de Montpellier restera gravé dans mon cœur.


Pourquoi as-tu choisi d’aller à Marseille en 2004 ?
Je sortais d’une grosse saison et j’avais réalisé de bonnes prestations avec l’équipe de France Espoirs. J’ai marqué 5 buts en 13 matchs. Ma saison 2003/04 a vraiment été complète. J’étais fan de Marseille quand j’étais jeune et l’OM avait un beau projet à l’époque même s’il n’est pas allé au bout. C’était un rêve pour moi de jouer au Vélodrome. Ça reste gravé aussi. Je suis fier d’avoir joué au Vélodrome avec le maillot de l’OM, ce n’est pas donné à tout le monde. Plein de gens en rêvent. Aujourd’hui, je ne regrette rien.


La saison 2004/05 a été mi-figue mi-raisin malgré les recrutements de Peguy Luyindula, Bixente Lizarazu ou Benoît Pedretti. Comment as-tu vécu ta première saison à l’OM ?
C’était une première saison compliquée. Je parle surtout par rapport au contexte extra-sportif. A l’époque, il y avait beaucoup de problèmes en interne. C’était compliqué. Pourtant à la trêve, l’OM était troisième ex-æquo. Ça ne se passait pas très bien entre Philippe Troussier et le groupe. Quand il est arrivé, il avait ses méthodes, un peu spéciales et ça n’avait pas accroché avec les joueurs. Plus personnellement, mes débuts ont été plutôt réussis, mais ensuite c’était plus difficile, j’ai été blessé trois mois en fin de saison.


Tu as côtoyé Bixente Lizarazu à l’OM pendant six mois. Quels souvenirs gardes-tu de lui ?
C’est un mec tranquille. Super simple. Il était venu nous apporter son expérience. Mais ça ne s’est pas très bien passé pour lui à l’OM. Après, ça ne s’est pas très bien passé pour presque tous les joueurs de Marseille cette saison-là. Nous n’étions pas totalement concentrés sur le foot car il y avait trop de problèmes extra-sportifs. Après six mois, il est retourné au Bayern Munich et il a fini meilleur arrière gauche en Allemagne. Le foot, ça tient parfois à peu de choses. Dans le foot, les qualités d’un joueur comptent mais l’environnement est aussi très important.


Comment se passe la vie quotidienne quand tu portes l’écusson de l’OM ?
C’est spécial car Marseille est une ville qui ne vit que pour le foot. L’engouement est super fort, donc ça fait de toi quelqu’un de spécial dans la ville. Tu défends la fierté des Marseillais. Ça va au-delà du foot.


« Quand tu marques au Vélodrome, tu vois plus de 50 000 personnes se lever. C’est exceptionnel, tu as le bruit, tous ces gens, j’en ai eu des frissons »


Quel est ton meilleur souvenir avec le maillot de l’OM ?
Mon premier but contre Lille (3-0, 2eme journée). C’était au mois d’août, il faisait chaud. Quand tu marques, tu vois plus de 50 000 personnes se lever. C’est exceptionnel, tu as le bruit, tous ces gens, j’en ai eu des frissons.


Pourquoi as-tu été prêté à Nantes en 2005 à l’issue de ta première saison à l’OM ?
Il y avait eu beaucoup de changements au sein du club pendant l’été. Ma relation avec José Anigo était un peu compliquée. J’ai décidé d’aller à Nantes, ce n’est pas le meilleur choix que j’ai fait. Avec le coach Serge Le Dizet, j’avais aussi des relations distantes. J’ai fait ma saison et je suis revenu à Marseille.


La saison suivante (2006/07), tu reviens donc à Marseille pour six mois…

Oui, j’ai fait six bons mois. J’étais très performant, pourtant j’étais souvent remplaçant. J’en ai eu marre et je suis parti six mois au Celta Vigo. Malheureusement le club est descendu à l’issue de la saison. Si le Celta Vigo s’était maintenu, je serais resté là-bas. Il y avait tout pour me plaire en Espagne. Le foot, la mentalité des gens, c’était super. La façon de jouer aussi c’était top. Je me suis éclaté là-bas, tu joues des gros matchs face au Real Madrid, au Barça, Séville ou Valence. En plus, le public en Espagne est super connaisseur. Les Espagnols comprennent tellement le jeu et le foot.


Comment arrives-tu à Nice en 2007 ?
Après mon prêt à Vigo, les choses étaient claires à ce moment-là, je ne voulais pas rester à Marseille. Pendant l’été, j’ai eu un coup de fil de Frédéric Antonetti. Je suis allé le rencontrer à Albertville, là ou Nice faisait son stage d’avant-saison. Nous avons eu une bonne discussion. Ç’a bien collé avec lui. Nous avions envie de travailler ensemble.


Quel a été le discours de Frédéric Antonetti à ce moment-là ?
Il m’a dit qu’il voulait que je le rejoigne pour relancer ma carrière, qu’il savait comment ça se passerait pour moi à Nice. Je n’ai pas été déçu, j’ai eu une très bonne relation avec le coach Frédéric Antonetti. Quand il est parti en 2009, à la fin de ma deuxième saison à Nice, je n’aurais peut-être pas dû rester. Car à la base, je suis venu pour lui.


« Le Stade du Ray était un petit stade mais toujours bien rempli. Les supporters étaient très chauds. C’était un stade un peu vieux mais il y avait une atmosphère vraiment spéciale. Quand les adversaires venaient jouer à Nice, c’était difficile pour eux »


Dans une précédente interview sur Foot d’Avant, Yohan Bigné a dit que Frédéric Antonetti était le meilleur tacticien qu’il ait connu. Es-tu d’accord avec lui ?
Ouais, Frédéric Antonetti aime le foot et il est très fort sur le plan tactique. Il connaît très bien le foot, je pouvais parfois discuter avec lui pendant des heures. Après il peut être impulsif mais c’est une super personne.


Qu’est-ce que tu as ressenti quand tu as joué au Stade du Ray, un autre stade chaud ?
Le Stade du Ray était un petit stade mais toujours bien rempli. Les supporters étaient très chauds. C’était un stade un peu vieux mais il y avait une atmosphère vraiment spéciale. Quand les adversaires venaient jouer à Nice, c’était difficile pour eux. J’avais de bonnes relations avec les supporters niçois. J’aimais bien l’ambiance là-bas. J’étais bien à Nice.


A Nice, tu as pu jouer notamment avec Hugo Lloris…
C’est un gardien talentueux et depuis bien longtemps. Il était déjà au-dessus. Je ne suis aucunement surpris par rapport à sa carrière. Je le voyais aller là où il est aujourd’hui. A l’époque, c’était quelqu’un de tranquille, même aujourd’hui ce n’est pas quelqu’un qui passe son temps à crier. Lui, il est plus dans l’intelligence et la réflexion.


En fin de carrière, tu as effectué quelques expériences à l’étranger, notamment en Grèce et à Doncaster en Angleterre…
Cela s’est moins bien passé lors de mes dernières années à Nice, je jouais moins avec Didier Ollé-Nicolle. En Grèce à Panetolikos, il y a eu des problèmes de salaire et des incompréhensions avec les dirigeants. Je suis parti à Doncaster pendant la trêve lors de la saison 2011/12, mais je n’étais pas prêt car je n’avais pas fait la pré-saison avec le groupe et la deuxième division anglaise est super physique.


Enfin, souhaites-tu ajouter quelque chose ?
Je suis content de continuer à travailler dans le foot. Si je pouvais donner un conseil aux jeunes joueurs, ça serait de ne pas stresser, de beaucoup travailler et d’être patients car les choses arrivent avec le temps. Et enfin, je voulais souhaiter bonne continuation à Foot d’Avant.


Propos recueillis par Thierry Lesage


Toi aussi tu es fan de l’OM ? Découvre l’interview de Mickaël Pagis juste ici

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