L’épopée de Calais en 2000 fait partie des plus grands exploits de l’histoire de la Coupe de France et du sport français. A l’occasion du 7eme tour de la compétition ce week-end, Réginald Becque, capitaine de Calais en 2000, te fait revivre le parcours des Calaisiens. Match après match : du 4eme tour à Campagne-lès-Hesdin à la finale contre Nantes au Stade de France.
Réginald Becque, que deviens-tu depuis l’arrêt de ta carrière de joueur ?
J’ai arrêté de jouer en 2005 à Calais en CFA. Pendant toute ma carrière, j’ai préparé mes diplômes d’entraîneur car je ne voyais pas ma vie d’après-joueur sans le football. J’ai entraîné l’équipe réserve de Calais pendant quatre saisons et nous avons obtenu deux montées. Je suis parti et j’ai entraîné pendant deux ans et demi le club d’Audruicq qui était en PH et que j’ai fait monter en DHR. Ensuite, j’ai fait deux saisons avec les U19 de Gravelines. Maintenant je suis à l’AS Marck où j’ai pris l’équipe réserve pendant deux saisons. En ce moment, j’entraîne les U19 qui évoluent en Régionale 1 soit l’ancienne DH. Je commente aussi la Coupe de France sur Eurosport, et hier j’ai commenté le match de 7eme tour Noeux les Mines-Lens.
Comment as-tu vécu la liquidation judiciaire du CRUFC ?
Depuis quelques années, le club traînait un passif assez important. C’est terrible pour les gens qui ont vécu l’épopée de 2000 mais aussi pour tous les bénévoles, les supporters et le club. Car avant nous, le club avait fait une saison en Ligue 2. Cela me rend triste.
Pourquoi le club n’a pas forcément réussi à surfer sur la vague de 2000 ?
En 2005/06, Calais avait quand même réussi à jouer un quart de finale de Coupe de France et avait réussi à monter en National en 2001. Plusieurs décisions ont été défavorables, sur le plan sportif cela a moins bien marché. Le club a voulu faire venir des joueurs d’un peu partout. Des joueurs qui ne se sont pas forcément mis dans l’esprit du club ou de la région. Et aujourd’hui, ces décisions nous ont amenés à ce résultat.
Revenons à cette Coupe de France 2000. Comment se sont passés les premiers tours avant l’entrée en lice des clubs de Ligue 2 ?
Calais avait commencé la Coupe de France à partir du quatrième tour, à la fin du mois septembre. Nous avions pas fait un super début de saison. J’avais été blessé lors de la préparation et j’avais fait mon retour lors de ce match de Coupe de France. On va à Campagne-lès-Hesdin, un club de District. Quand on arrive le dimanche, on est les premiers arrivés car il n’y a personne au stade. On gagne 10-0. Ça nous a mis en confiance.
« Avant les 32emes de finale face à Lille, le coach m’avait dit : « ne t’inquiète pas cette année on va les battre » »
Lorsque le CRUFC a joué ces premiers tours, sentais-tu que quelque chose de spécial allait se passer pour Calais ?
Pas pendant le quatrième tour. L’équipe se cherchait encore, on cherchait à intégrer les jeunes et les nouveaux. On n’envisageait rien du tout surtout qu’aucun joueur n’avait réalisé d’épopée en Coupe de France par le passé.
Contre Béthune (en CFA 2 à l’époque) au 7eme tour, Calais s’en sort à l’arraché…
On avait joué le 6eme tour à Marly-lès-Valenciennes qui était à l’époque en CFA 2. On avait gagné 2-1 là-bas et ce match avait soudé le groupe. Le tour d’après, on reçoit Béthune qui nous avait mis en grande difficulté. Jérôme Dutitre marque un but à la 44eme minute. Ensuite Calais avait été dominé toute la deuxième mi-temps. Béthune avait touché le poteau. On gagne 1-0 mais c’était vraiment tiré par les cheveux. A partir de ce moment-là, on n’avait qu’une seule envie : accéder aux 32emes de finale. Car sur le plan financier, c’était très important pour le club. Lors du 8eme tour, Calais reçoit Dunkerque. Il y avait eu une grande ferveur populaire car une trentaine de kilomètres sépare Calais de Dunkerque. C’était un gros derby de CFA. Calais avait réalisé un gros match en gagnant 4-0 dans un stade Julien Denis à guichets fermés. Un truc s’est créé dans le groupe. Nous espérions recevoir en 32emes de finale car nous savions que le stade de Calais était homologué pour ce tour de Coupe de France.
Quelle est la réaction du vestiaire calaisien quand vous apprenez que vous jouerez contre Lille en 32emes de finale de la Coupe de France ?
Personnellement j’étais un peu déçu car nous avions joué contre Lille la saison précédente au 7eme tour et nous avions perdu (1-2). Le coach au téléphone m’avait dit « ne t’inquiète pas cette année on va les battre ». Pourtant cette saison-là, Lille caracolait en tête de la Ligue 2 avec très peu de défaites au compteur. Donc on reçoit Lille en janvier. Il faisait un bon temps de Calaisien. Le stade était plein, Lille avait décidé de faire tourner son effectif. Vahid Halilhodzic n’était pas là car il était malade. Ces ingrédients ont aussi joué en notre faveur. On est mené (0-1) à la mi-temps avec le vent de face. En deuxième mi-temps, avec le vent dans le dos, nous avions obtenu plusieurs occasions. L’ambiance avait été extraordinaire, nous avions été poussés par les supporters. Lille n’arrivait plus à ressortir les ballons. On égalise donc grâce à un but contre son camp de Pascal Cygan. Ce but nous permet d’aller en prolongation puis aux tirs au but. On gagne cette séance. Il y avait quand même Grégory Wimbée dans le but lillois. C’était un premier exploit et nous étions soulagés car on savait que le club allait être tranquille financièrement.
Après cette victoire en 32emes de finale, sens-tu un déclic dans l’équipe ?
C’était surtout spécial pour nous d’avoir vécu un moment comme ça car je n’avais jamais participé à un 32eme de finale de Coupe de France. Sur le plan personnel, c’était déjà quelque chose d’extraordinaire. Devant les caméras, Ladislas Lozano avait dit : « une équipe est née ce soir ». Ces phrases restent et marquent. Mais pas de là à aller jusqu’en finale non plus.
« Nous avions quasiment tous un travail à côté du football »
Ensuite Calais joue contre Langon-Castets en 16emes de finale. Avez-vous vu cette rencontre comme un match piège ?
Pas pour ma part : Langon-Castets jouait en CFA 2, et on les recevait. Ça aurait pu l’être si nous avions joué à l’extérieur. J’avais suivi ce tirage au sort sur RTL. Nous étions quand même assez confiants avant ce match. On gagne 3-0 et tout se passe comme nous l’avions préparé. Nous nous qualifions pour les 8emes de finale, c’était très intéressant mais on était déçus en même temps car à partir de ce stade de la compétition, on ne pouvait plus jouer chez nous. Nous devions aller à Boulogne et il fallait prendre en compte la rivalité des clubs locaux. On était aussi un peu déçu du tirage des huitièmes de finale car on aurait rêvé de tomber contre le PSG ou Monaco. Mais là on joue face à Cannes qui était en Ligue 2 à l’époque.
Comment avez-vous préparé ce 8eme de finale, délocalisé à Boulogne, face à Cannes?
On n’a rien changé à nos habitudes. Pas de mise au vert. Rien. On a fait notre collation d’avant-match à Calais puis on a pris la direction de Boulogne. On avait rigolé car c’était la première fois qu’on était escortés par les gendarmes. A Boulogne, nous avions fait le plein : 8000 personnes et surtout des Calaisiens étaient là pour nous pousser. Calais avait fait un bon match et avait touché le poteau en première mi-temps. On encaisse un but à la 88eme minute et on égalise à la 90eme. On va aux tirs au but et on les explose 4-1. Cédric Schille arrête deux tentatives. La confiance engendrée depuis plusieurs tours avait fait la différence. En ouvrant le score, les joueurs de Cannes pensaient avoir fait le plus dur et se sont déconcentrés. Ladislas Lozano avait aussi bien préparé la rencontre en allant voir des matchs de l’AS Cannes. Beaucoup de joueurs de Calais étaient passés par des centres de formation et savaient donc bien jouer au football. Il y avait aussi eu ce brin de réussite qui nous a permis de réaliser un nouvel exploit car en face c’était quand même une Ligue 2. On se qualifie donc pour les quarts de finale. Calais n’avait jamais fait mieux dans son histoire.
Dans cette équipe de Calais, combien de joueurs avaient un autre travail en dehors du football ?
Nous avions quasiment tous un travail à côté du football. Moi je travaillais chez Roches Diffusion. Un cousin du président m’avait offert la possibilité de travailler dans cette entreprise où j’étais préparateur de commandes. Je gérais aussi les transports logistiques. J’ai fait toute l’épopée en travaillant dans cette entreprise. Le patron était content. Jocelyn Merlen et Mickaël Gerard faisaient des quarts. On travaillait la journée et l’entraînement avait lieu le soir. C’était un rythme d’enfer.
Comment ça se passait la journée au travail ? Étais-tu harcelé de questions par tes collègues ?
Oui les collègues participaient à l’aventure. Ils étaient fiers. Quand un journaliste venait dans l’entreprise, ils étaient contents. Je partageais mes expériences et mes souvenirs. Ça amenait de l’ambiance et de la bonne humeur dans l’entreprise. Il y avait le risque de prendre la grosse tête mais nous ne l’avons jamais prise. Le club s’était aussi organisé pour ne pas qu’il y ait de débordements. Si on avait des sollicitations médiatiques, c’était le club qui les gérait. Cela a permis à tout le monde d’avoir son petit moment de gloire grâce à une interview dans la presse locale, nationale ou à travers des émissions de télévision. J’ai vécu des moments très agréables.
« Calais encaisse un but au bout de six minutes contre Strasbourg et là on craint le pire. Puis je ne sais pas, il y a notre flamme, notre lumière, notre protection… »
Quelle a été la réaction de l’équipe quand vous avez vu le tirage au sort du quart de finale : Calais-Strasbourg ?
Le tirage avait eu lieu après le huitième de finale Strasbourg-PSG un dimanche soir. Personnellement j’étais déçu sur le coup. Mais on a vite rebasculé dans le sens contraire en se disant : « il y a peut-être une toute petite chance de se qualifier ». C’était peut-être un peu prétentieux car nous étions en CFA, Strasbourg jouait en Ligue 1 et avait des bons joueurs dans son effectif. On ne pouvait plus jouer à Boulogne, le match avait été délocalisé à Lens. Il y avait eu un peu de bataille pour l’horaire et le jour du match. On voulait nous faire jouer le vendredi soir mais le coach n’avait pas voulu car on travaillait le vendredi. On avait réussi à jouer le samedi à 17h et on avait rempli les trois-quarts du Stade Bollaert.
Comment aviez-vous appréhendé ce quart de finale de Coupe de France contre Strasbourg ?
On avait eu une grosse appréhension : le Stade Bollaert, la pression de l’événement. Calais encaisse un but au bout de six minutes et là on craint le pire. Puis je ne sais pas, il y a notre flamme, notre lumière, notre protection…Mais ce but ne nous a pas désarçonnés. On a continué à appliquer les consignes du coach et puis on mène (2-1) à la mi-temps. En deuxième mi-temps, on a réussi à tenir sans que Strasbourg ne se procure beaucoup d’occasions. La c’était quand même LA grosse performance. C’était la première équipe de Ligue 1 que nous battions. Nous étions encore plus contents, plus fiers. On sentait l’impact médiatique de plus en plus important.
Jouer à Bollaert pour une équipe de CFA, c’était la découverte d’un nouveau monde…
Pour nous, c’était le temple du foot de la région. Personne n’y avait joué auparavant. Quelques-uns y allaient pour encourager le Racing Club de Lens. Quand on jouait contre la réserve de Lens en CFA, les matchs se déroulaient sur les terrains annexes. Ce match contre Strasbourg a été le plus compliqué surtout par rapport à l’appréhension du nouvel environnement. Il fallait s’habituer à la taille des tribunes, au monde, à la pression de l’événement. Mais on s’est concentré sur notre jeu et les consignes du coach.
Comment ça se passe quand tu affrontes des joueurs que tu vois chaque week-end à la télévision ?
Il fallait faire attention à ça. Si tu passes ton temps à les regarder et bien eux ils font tourner le ballon. C’est là que tu prends des valises. Tout en les respectant, nous étions concentrés sur le jeu de notre équipe.
« Forcément à un moment, les clubs professionnels se sont dits « c’est bon ils l’ont déjà fait, ils ne vont pas le refaire contre nous, ça va passer comme il faut » »
Ensuite, le tirage au sort vous permet de jouer contre Bordeaux en demi-finale de la Coupe de France. Quelle a été la réaction de l’équipe après ce tirage ?
Nous étions super contents de jouer face au champion de France en titre et Christophe Dugarry, champion du Monde 98. Il restait Bordeaux, Monaco ou Nantes dans la compétition. Nous étions contents mais inquiets aussi car qui dit champion de France en titre dit grosse opposition et gros adversaire. Mais au fur et à mesure de la préparation et des discussions avec le coach, on a pris un peu confiance. Mais juste un peu. Ladislas Lozano avait les mots pour nous rassurer. En plus sur le plan tactique, il savait nous donner les bonnes clés pour faire déjouer ce type d’adversaire. Par exemple, il nous avait interdit de tirer directement les coups de pieds arrêtés. Il voulait absolument qu’on les joue à deux car ils étaient beaucoup plus athlétiques que nous. On savait aussi qu’ils jouaient surtout par des passes courtes, qu’il n’y avait pas beaucoup de percussion et de courses vers l’avant. Et ça s’est passé comme ça. Physiquement nous étions prêts et footballistiquement nous savions joué.
Comment as-tu vécu cette demi-finale sur le terrain ?
Pour moi, elle s’est super bien passée. Bordeaux ne nous avait pas mis de pression particulière, nous avions eu le temps de jouer. Lors des deux mi-temps, il n’y a pas eu énormément d’occasions. Par contre, nous avions énormément couru et nous étions vraiment fatigués. Je me souviens qu’en fin de match, les crampes commençaient à arriver. On était déjà content d’arriver à la fin du match à 0-0 mais on se demandait comment on allait terminer la rencontre sur le plan physique. Lors de la prolongation on ouvre le score et là je ne sais pas pourquoi les douleurs physiques disparaissent. On mène 1-0 à la mi-temps de la prolongation. Nous étions à 15 minutes d’un gigantesque exploit. Il n’était plus question de lâcher, plus question d’avoir mal quelque part.
Comment arrivez-vous à tenir en fin de prolongation et à gagner finalement 3-1 face à Bordeaux ?
Rapidement Bordeaux égalise par l’intermédiaire de Lilian Laslandes. On pensait qu’ils avaient fait le plus dur, qu’ils allaient nous marcher dessus et qu’on allait exploser physiquement. Finalement c’est le contraire qui se passe. On avait une grosse confiance en nous et des qualités de footballeur aussi. On n’a pas baissé la tête, on a toujours joué sur le même rythme et on a marqué deux nouveaux buts. Là, c’est quand même l’exploit de notre parcours en Coupe de France. C’est notre plus gros match, c’est la plus grosse ambiance et c’est la plus grosse fête à la fin (rires). On était monté sur le balcon de l’Hôtel de Ville de Calais. En bas, c’était noir de monde. Là on s’est rendu compte qu’on avait réalisé quelque chose d’extraordinaire. Jamais je n’aurais pensé vivre ce genre de chose grâce au football. Même en rêve, on n’osait même pas y penser. Même aujourd’hui, 17 ans après, je me dis toujours : ah oui quand même. Ça nous suivra toute notre vie. Nous, les joueurs de l’équipe, avons un lien spécial. On ne s’appelle pas tous les jours non plus mais quand on peut se voir, c’est toujours un réel plaisir, on a toujours une anecdote à se raconter ou un truc pour se chambrer. Même quand on rejoue ensemble, il y a toujours des automatismes. C’est assez incroyable.
Est-ce que tu as eu parfois l’impression que certaines équipes professionnelles vous prenaient à la légère ?
On était obligé d’y penser. On a battu deux fois une équipe de Ligue 2 et deux fois une équipe de Ligue 1 dont le champion de France en titre. Forcément à un moment, ils se sont dits « c’est bon ils l’ont déjà fait, ils ne vont pas le refaire contre nous, ça va passer comme il faut ».
Comment l’équipe de Calais a-t-elle vécu les jours précédents la finale ?
C’était un peu compliqué car trois semaines séparaient la demi-finale de la finale. L’engouement médiatique avait pris une ampleur pas possible. Il fallait répondre à toutes les sollicitations, j’en ai refusées quelques-unes et cela m’a valu quelques insultes. Il y a eu la création d’une boutique, des reportages dans tous les journaux en France mais aussi dans le monde entier. On a même parlé de l’épopée de Calais dans le New York Times ou le Washington Post. Notre coach avait fait un malaise après le match contre Bordeaux, il n’a pas été présent pendant une semaine et cela nous a aussi perturbés. Concernant la préparation de la finale, nous étions quand même un peu cuits mentalement, physiquement, psychologiquement. La mise au vert avait été un peu longue. Le club avait voulu nous faire vivre des choses extraordinaires donc on est allé dans le château de l’équipe de France. Après, ces moments étaient vraiment magiques.
Quel était l’engouement à Calais ?
Dans Calais, c’était difficile de se promener sans être abordé. Nous étions aussi sollicités pour participer à des événements organisés par les partenaires. Mais cela faisait toujours plaisir. La reconnaissance fait toujours plaisir.
Le 7 mai 2000, c’est la finale de la Coupe de France face à Nantes. Comment as-tu vécu l’avant-match ?
adidas nous avait invités au Stade de France quelques jours avant pour voir France-Slovénie en amical. On a pu s’entraîner avant au Stade de France. On n’a pas eu d’appréhension particulière car l’expérience que nous avions vécue à Bollaert nous a été très utile. Mais on ressentait une fatigue physique et mentale, et on n’a pas réussi à réaliser notre meilleur match. Nous avons quand même été fiers d’avoir été à la hauteur de l’événement. Notre crainte était de prendre 5-0 ou 6-0 en finale.
A la mi-temps, Calais mène 1-0. Dans quel état d’esprit êtes-vous à ce moment-là ?
On est content mais pas le coach qui nous met un peu dans le trou. A ce moment-là, il pense qu’on aurait dû faire mieux. Là, ça nous fout un peu les boules et on ne rentre pas forcément bien dans cette deuxième période. Nantes égalise trop vite, à la 50eme minute. Ensuite, on arrive quand même bien à tenir le choc sans se créer des occasions. Puis il y a ce fait de jeu où on concède un penalty imaginaire. Avec ce penalty, l’histoire se finit un peu tragiquement.
A la fin de la rencontre, il y a cette image mythique où tu soulèves la Coupe de France avec Mickael Landreau. Qui a pris cette initiative ?
Au coup de sifflet final, j’étais sur le terrain en train de pleurer. Peut-être que j’évacuais la pression, le stress, la fatigue. On a été cherché notre trophée de finaliste, et là Mickael Landeau est venu me voir. Il me dit dans l’oreille : « Ne le prends pas mal, mais ça serait sympa que tu viennes soulever la Coupe de France avec moi par rapport au parcours que vous avez fait et ce que vous avez représenté ». Cela m’a beaucoup surpris. J’ai demandé au coach pour savoir ce qu’il en pensait. Il m’a dit « vas-y ». Donc j’y suis allé. Puis il y a cette photo qui est rentrée dans l’histoire du foot français.
Quels souvenirs te viennent en tête quand tu revois cette image ?
En fait, je n’ai pas de souvenirs. C’est le trou noir. Ma mémoire a zappé tout ça. Moi, je ne vois pas le Stade de France et les supporters.
Es-tu toujours en contacts avec Mickael Landreau ?
Oui bien sûr. Je suis allé le voir il y a deux mois à Lorient. Quand il jouait à Lille, je le voyais plus facilement. Pareil quand il évoluait à Paris. Chacun suit la carrière de l’autre. On échange sur nos expériences et nos différents points de vue. J’ai récupéré son numéro de téléphone dès le lendemain de la finale. Je l’ai appelé pour le remercier de son geste. Depuis ce jour-là, on a gardé nos numéros de téléphone. On ne s’appelle pas tous les jours mais on se donne régulièrement des nouvelles et je lui taxe parfois quelques places (rires).
Aujourd’hui, as-tu toujours des regrets par rapport à cette finale ?
Non. Même encore aujourd’hui, les footeux se souviennent autant du vainqueur que du perdant de l’édition 1999/2000.
« Franchement, j’aurais aimé être sollicité par un club professionnel après l’épopée de Calais »
Après ce parcours en Coupe de France avec Calais, avais-tu reçu des sollicitations de la part de clubs de Ligue 1 ou de Ligue 2 ?
Non. Peut-être que les gens pensaient que nous n’étions pas capables de répéter ce genre de performance. Franchement, j’aurais aimé être sollicité par un club professionnel après l’épopée de Calais. C’était mon rêve d’enfant et j’étais en CDD à l’époque dans l’entreprise où je travaillais. Mais je m’en suis vite remis et j’ai continué à jouer à Calais. Cela me convenait aussi. Je pense que si on refait le même parcours aujourd’hui, avec tous les agents qui gravitent autour du foot professionnel et amateur, les trois-quarts de l’équipe auraient eu des propositions en Ligue 2 voire de l’étranger.
Comment s’est passée la saison d’après en CFA ?
C’était très compliqué. Tous les clubs amateurs qui nous soutenaient six mois plus tôt avaient absolument envie de battre le finaliste de la Coupe de France. Les matchs étaient assez compliqués. Mais on réussit à monter en National à l’issue de la saison, au forceps en barrages contre Cherbourg.
Comment as-tu vécu le nouveau parcours de Calais en Coupe de France en 2006 (le CRUFC a atteint les quarts de finale) ?
Je participais à ma façon car à cette époque j’entraînais l’équipe réserve. J’avais des jeunes à faire monter en équipe première. J’ai participé à la mise au vert avant le quart de finale face à Nantes. C’était symbolique. J’étais très content pour le club.
Enfin, quel message souhaiterais-tu faire passer aux supporters de Calais ou aux clubs amateurs en général ?
Cette Coupe de France est toujours magique et elle permet aux clubs amateurs d’avoir un moment de lumière extraordinaire. Je souhaite qu’un club amateur refasse ce qu’on a fait. Ce sont des beaux moments de solidarité et de joie. Pour moi, ce parcours de Calais est gravé dans ma mémoire.
Propos recueillis par Thierry Lesage
Rétroliens/Pings