Photo TF1/Gérard Bedeau

C’est parti pour la phase de poules de Ligue des Champions 2017/18 avec un alléchant Celtic-PSG ce mardi soir. Pour fêter le retour des grandes soirées européennes, rien de mieux que demander à Roger Zabel de vous fait revivre celles qu’il a présentées sur TF1. Retour magnifique au cœur des années 90.

 

Roger Zabel, c’est le début de la phase de poules de Ligue des Champions 2017/18 ce soir. Êtes-vous nostalgique des éditions des années 1990 quand il n’y avait que deux groupes en phase de poules ?
Un peu car nos soirées commençaient à 20h30 et nous diffusions un match en direct, un deuxième en différé et les résumés de tous les autres matchs. Certaines soirées se terminaient à plus de 1h du matin. Puis surtout les surprises étaient plus nombreuses car le niveau des équipes était plus serré.


Au niveau du traitement médiatique de la Ligue des Champions, quels sont les changements majeurs entre les soirées que vous présentiez dans les années 90 et aujourd’hui ?

Les soirées de Canal + se sont largement inspirées de ce que nous faisions. J’imagine que tous les anciens de TF1 passés à Canal + ont été influents. Je pense surtout à Yves Kupferminc actuel directeur des antennes de Canal et à Hervé Mathoux qui a la gentillesse de citer mon nom parmi ceux qui l’ont aidé à devenir ce qu’il est aujourd’hui.

Sa montre offerte à Basile Boli après la victoire de l’OM en 1993

 


Quels étaient les moyens humains mis en place par TF1 à l’époque pour les soirées Ligue des Champions ? Quelles sont les différences par rapport à aujourd’hui ?

Nous mettions à disposition des moyens très importants en hommes et en production. Un immense plateau, du public, un décor avec les logos de la Champion’s League. Des duplex avec les envoyés spéciaux sur deux voire trois matchs. Des invités du showbiz où de la politique, des entraîneurs, des dirigeants, des anciens joueurs, des consultants dont Guy Roux aura été le plus assidu. Et puis cet hymne qui donne encore des frissons aux anciens. C’était la musique du générique qui est maintenant jouée dans tous les stades avant les matchs. C’est TF1 qui a inventé ces soirées Ligue des Champions. A l’époque j’ai été invité par l’UEFA et « Team » qui manageaient cette compétition à présenter ce concept à toutes les chaînes européennes qui diffusaient la C1. Mais après pratiquement dix ans, la direction a diminué la voilure car les coûts des droits se sont enflammés. TF1 n’a jamais gagné d’argent avec la Ligue des Champions. Le seul club qui a généré de jolies recettes, c’est l’OM avant que la Coupe d’Europe des Champions ne devienne la Champion’s League puis la Ligue des Champions sous la pression du comité de défense de la langue française. Les droits, avant cela, étaient traités en direct avec les clubs.


Sentiez-vous plus de passion de la part des journalistes ou des footballeurs à l’époque ?

De manière évidente parce que c’était nouveau. Emmenés par Thierry Roland et Jean-Michel Larqué, les Hervé Mathoux, Pascal Praud, Christian Jeanpierre, Vincent Hardy, encore jeunes journalistes, ont fait leurs premières armes dans ce nouveau concept du foot européen. C’était un peu le must après la Coupe du Monde et l’Euro. Même les réalisateurs rivalisaient pour faire évoluer l’émission. Nous avons eu la chance d’avoir pratiquement tout le temps des équipes françaises jusqu’aux quarts de finale sans parler des demi-finales et des finales de l’OM mais aussi de la demi-finale du PSG en 95.


Durant la période où vous présentiez la Ligue des Champions, quelle équipe française ou étrangère vous a le plus fait vibrer ?
Indéniablement l’OM car cette équipe restera dans mon cœur à jamais. En 93, j’ai pratiquement passé la dernière semaine avec les joueurs à Munich. J’étais en duplex permanent depuis leur hôtel. Je suivais les entraînements avec la bienveillance de Raymond Goethals qui était adulé par ses joueurs. Tout cela dans une ambiance tellement amicale. D’ailleurs, Basile Boli aimait beaucoup la montre que je portais à l’époque. Je lui ai promis de la lui offrir en cas de victoire la veille de la finale face au Milan de Berlusconi, mon ancien patron sur la Cinq. Ce qui fût dit fût fait. Mais je revendique mon chauvinisme car le Barça, Manchester United, le Milan AC, Dortmund et bien d’autres encore ont fait le prestige de ces soirées.

 

« Alessandro Del Piero m’a impressionné »

 

Ce soir c’est le premier match du PSG sur le terrain du Celtic. Selon vous, ce PSG-là est-il meilleur que celui de 1994-95 avec Weah, Lama, Guerin, etc… ?
C’est incomparable. On a changé de siècle. A l’époque, le PSG était outsider dans chaque compétition européenne y compris la Coupe des Coupes remportée en 1996. Je crois que ni Weah, ni Lama ni Guérin ne m’en voudront. Aujourd’hui, le PSG a la meilleure attaque du monde voire la meilleure équipe ce qui en fait le favori cette année.


Un joueur vous a-t-il particulièrement marqué lors de la période où vous présentiez la Ligue des Champions ?
Alessando Del Piero pour son efficacité, sa longévité, son talent de buteur et sa fidélité à la Juve.


Quel match et quel but inscrit en C1 vous ont le plus marqué ? 

La volée de Jean-Pierre Papin avec le Milan AC à Porto en 1993. Un missile de 30 mètres. Pour le match, je dirais le Juventus-Manchester United de 1999 (2-3). Menés 2-0, les Red Devils l’emportent 3-2 en demi-finale retour !

Est-ce qu’à l’époque, vous aviez plus de proximité avec les joueurs que vous interviewiez à la mi-temps ou à la fin des matchs de Ligue des Champions ?
Oui et plus particulièrement avec les Français et leurs entraîneurs. Le seul qui gardait de “grandes distances” c’était Coco Suaudeau, l’entraîneur du FC Nantes. Mais c’était devenu un jeu pour lui !


Quelles étaient vos relations avec le duo de commentateurs de l’époque Thierry Roland et Jean-Michel Larqué ? Travailliez-vous longuement les avant-matchs ensemble
?
Nos relations étaient empreintes d’une grande amitié et d’un grand respect doublés d’une propension à la rigolade. Avec Jean-Michel comme avec Thierry, nous avons eu de grands moments d’émotion et de rires voire de fous rires. Pour ce qui est des avant-matchs, nous faisions juste une petite répétition car nous devions respecter un timing très serré. Sinon la préparation et l’écriture de l’émission me prenaient la journée entière du mercredi. J’avais pas mal de matchs à lancer ce qui m’imposait une préparation parfois fastidieuse mais tellement utile.


Quelle est l’anecdote ou le moment le plus marquant de cette période où vous présentiez la Ligue des Champions sur TF1 ?
Au delà du titre de l’OM en 93, je dirais le fameux fou rire lorsque croyant qu’ils n’étaient pas à l’antenne, Thierry s’adressant à Jean-Michel lui dit : « j’ai un peu froid à la zigounette » et Jean-Michel de répondre : « moi, j’ai une sérieuse envie de pisser ». Au retour en plateau, je n’ai pas manqué de leur demander des détails sur leur « conversation » !


Propos recueillis par Clément Lemaître