Quelles leçons le football peut-il tirer de la prévention des commotions cérébrales dans d’autres sports ?

Au cours de la dernière décennie, les débats autour des blessures à la tête ont occupé le devant de la scène sportive. Cela a notamment été le cas en NFL. Il faut dire qu’en 2016, un accord de règlement a été trouvé entre la NFL et un groupe d’anciens joueurs qui avaient attaqué celle-ci pour avoir subi des lésions cérébrales dues à des commotions cérébrales. Au total, l’accord a coûté à la ligue un milliard de dollars.

Mais en plus des pertes financières subies par les ligues, les blessures à la tête et les commotions cérébrales provoquent un nombre important de dégâts sur le plan humain. Par exemple, en football, de nombreux anciens professionnels célèbres, dont les légendes Bobby Charlton et Nobby Stiles, ont développé une démence. Une récente étude a effectivement montré que les footballeurs ont 1,5 fois plus de chances de développer une démence que le reste de la population. 

Ainsi, comment le football peut-il contribuer à limiter ce risque et quelles leçons ce sport peut-il tirer des mesures prises par les autres ?

La position actuelle du football sur la prévention des blessures à la tête

Sans surprise, les instances dirigeantes du football commencent aujourd’hui à prendre le risque de commotion cérébrale et de blessure à la tête au sérieux. Par exemple, en Angleterre, la Fédération de football (FA), vient de lancer une nouvelle expérimentation qui bannit les « têtes effectuées délibérément dans les matches de football de la catégorie U12 ». C’est également le cas aux États-Unis.

De plus, la FA encourage également les joueurs et les entraîneurs à s’informer davantage sur les symptômes d’une commotion cérébrale et propose des modules de formation en ligne gratuits sur ce thème.

Cependant, de telles mesures sont-elles suffisantes ? Comparons-les à celles prises dans les autres sports.

L’enseignement de la NFL

Depuis l’action en justice de 2016, la NFL a mis en place un « programme très agressif afin de tenter de diminuer ces blessures ». Ce faisant, la ligue estime avoir réduit le nombre de commotions cérébrales « de 29 % ».

La ligue a obtenu ces résultats en appliquant de nouvelles règles, en changeant la conception de ses casques et en améliorant la sensibilisation de ses joueurs à tous les niveaux de sa compétition. De plus, la ligue a également introduit des protocoles commotion rigoureux et fait appel à des observateurs dans les tribunes habilités à demander le déclenchement d’un protocole.

Globalement, la NFL suit une ligne de conduite selon laquelle « la prévention vaut toujours mieux que le traitement » et cherche activement à empêcher les contacts tête contre tête dans la mesure du possible.

L’enseignement du rugby

Les commotions cérébrales ont toujours été un sujet majeur dans le monde du rugby. Cependant, en 2019, celui-ci s’est manifesté sous les yeux du grand public lorsque le pilier anglais Kyle Sinckler a dû céder sa place après seulement trois minutes de jeu en finale de Coupe du monde suite à un contact avec le coude de son coéquipier Maro Itoje.

Un événement qui a mis en lumière les règles strictes du protocole commotion mis en place par le rugby à XV et a montré que, quelle que soit l’importance de la rencontre, les blessures à la tête étaient prises au sérieux.

Depuis cet incident, encore davantage de règles sont entrées en vigueur. Selon RubgyPass, des expérimentations sont en cours avec des protège-dents « intelligents » portés par les joueurs qui alertent les médecins en bord terrain en cas d’accélération élevée, signe d’une éventuelle blessure.

Les joueurs sont alors évacués du terrain et examinés. S’ils réussissent cet examen, ils peuvent retourner au jeu. Le joueur est ensuite également surveillé lors des 36 à 48 heures suivantes. 

Conclusion et perspectives

En résumé, le football est sans aucun doute en train de prendre les bonnes mesures en ce qui concerne la prévention des blessures à la tête.

Cependant, des questions restent en suspens quant à savoir si le sport agit suffisamment à cet égard. Par exemple, lors de matches à fort enjeu, la plupart des protocoles commotion ne semblent pas être rigoureusement appliqués, et les médecins et les entraîneurs/managers paraissent céder à la pression des joueurs eux-mêmes, désireux de continuer à jouer.

Une situation clairement inacceptable, et c’est un point sur lequel il est évident que le football doit s’inspirer d’un sport comme le rugby. Si un joueur subit une blessure à la tête, alors il doit immédiatement être évacué du terrain et examiné de façon indépendante. De cette manière, la décision médicale qui s’impose pourra être prise loin des regards du public.