Pendant le Mondial russe, Foot d’Avant se focalise sur d’anciens joueurs qui ont brillé en Coupe du Monde. Aujourd’hui, retour en 1994 avec la révélation de la World Cup américaine, Kennet Andersson. Confidences exceptionnelles de l’ex-attaquant suédois pour Foot d’Avant.


Le début de la Coupe du Monde 1994…
Quand je suis arrivé aux États-Unis avec la sélection, j’étais sur le banc. On peut d’ailleurs voir mon numéro 19 sur le maillot. Il y avait onze très bons joueurs sur le terrain comme Martin Dahlin ou Tomas Brolin. Il y avait Henrik Larsson aussi mais il était jeune et a commencé également sur le banc. Grâce à ma bonne saison à Lille, je me sentais en confiance. Du coup, le coach Tommy Svensson m’a fait débuter lors du deuxième match.


Le meilleur souvenir de Coupe du Monde 1994
Comme je le dis souvent, c’est l’atmosphère ressenti pendant cette compétition. Le fait que je gagne ma place de titulaire, que je marque contre le Brésil (1-1) en phase de groupes. Il faisait beau et chaud, l’ambiance était sympa dans l’équipe. Je ne sentais aucune limite. Je nous sentais vraiment forts. Ce n’est pas un moment en particulier mais juste cette impression de grande confiance.

Le but le plus important
C’est peut-être celui inscrit contre la Roumanie (2-2 ap, 5-4 aux t.a.b) en quarts de finale. On a rejoué contre le Brésil en demi-finales. On a perdu 1-0 mais on aurait pu en prendre cinq. Après cette défaite, nous ne souhaitions pas enchaîner deux défaites de suite et gâcher notre belle Coupe du Monde. Nous avons donc tout fait pour remporter ce match pour la troisième place. Nous étions trop motivés. Nous avons effectué un match fantastique (4-0) et on aurait pu gagner 10-0. J’ai marqué le but du 4-0 face à cette sélection de Bulgarie qui avait de très bons joueurs.

 

L’après-Coupe du Monde 1994…
La période fin de Coupe du monde-reprise du championnat de France a été trop courte pour moi. J’avais besoin de couper. En Suède après la Coupe du monde 1994, c’était de la folie. Incroyable. Tous les Suédois ne parlaient que de la Coupe du monde et fêtaient cette troisième place. Cet été a été fantastique. Aujourd’hui, les gens se rappellent de moi pour la Coupe du monde 1994. C’est le plus gros succès du football suédois de notre histoire moderne. Tous les Suédois ont des souvenirs de cette Coupe du Monde. Cette troisième place a rapproché tous les Suédois un peu comme vous en France après la Coupe du Monde 1998. En Suède, il y a des dates que tout le monde se souvient. On se rappelle tous du jour où notre ancien premier ministre a été assassiné et ce qu’on faisait cette nuit-là. Tout le monde en Suède se souvient aussi ce qu’il faisait à l’été 1994. Les Suédois se souviennent où ils étaient quand j’ai marqué contre le Brésil en 94. Tout comme lorsque j’ai trouvé le chemin des filets contre la Roumanie en quarts de finale. J’aime beaucoup partager ces moments avec les Suédois.


Les sollicitations de grands clubs malgré la signature à Caen en début de Mondial…

Outre Caen, il y avait notamment Benfica et le FC Barcelone qui étaient intéressés. Est-ce que la situation m’a troublé ? Non, j’étais prêt dans ma tête et heureux de signer à Caen car j’avais passé des moments compliqués avec Malines. Je ne savais pas grand chose sur Caen mais je connaissais Pierre Mankowski qui revenait coacher Caen et qui m’avait entraîné à Lille. Je lui faisais confiance. En signant à Caen au début de la Coupe du Monde, j’ai pu jouer cette compétition totalement libéré dans ma tête. C’était vraiment important pour moi. Après mon agent m’a dit qu’il y avait plusieurs équipes qui s’intéressaient à moi mais je ne voulais pas aller plus loin. J’étais prêt à jouer à Caen avec qui je venais de signer mon contrat.

Quid de la nouvelle génération suédoise…
C’est une bonne équipe. Les dernières années, l’équipe suédoise était correcte. Il y avait Zlatan au top et le reste de l’équipe était plus en dessous et le collectif ne marchait pas comme une équipe. Tout le monde regardait Zlatan Ibrahimovic. Il était peut-être trop respecté. Lui jouait dans les tops championnats mais pas le reste de l’équipe. Mais maintenant, nous avons une équipe plus jeune et plus homogène. Les jeunes doivent prendre leurs responsabilités car Zlatan n’est plus là. On sent que l’équipe est meilleure. Pour moi, notre nouvelle super star s’appelle Emil Forsberg. Il est fantastique et va devenir encore plus énorme.

Zlatan Ibrahimovic…
Sa carrière est fantastique, c’est le numéro dans l’histoire de la Suède. Même si c’est difficile de comparer entre les différentes générations. Il a inscrit des buts fantastiques. Cela a dû être encore plus difficile pour lui au départ car il ne s’appelle pas Andersson, Nilsson ou Larsson. Non, il s’appelle Ibrahimovic. Il est très important pour les jeunes joueurs suédois mais aussi pour les jeunes binationaux.

Clément Lemaître
(Propos tirés de la grande interview réalisée par Foot d’Avant avec Kennet Andersson en septembre 2017)