Aujourd’hui reconverti entraîneur professionnel, Valérien Ismaël n’a rien oublié des moments les plus forts de son début de carrière de joueur : Ses premiers pas au centre de formation du Racing Club de Strasbourg, le club qu’il supportait plus jeune à la Meinau avec son père, la grande rigueur de Gilbert Gress, son souvenir amer de la finale de la Coupe de France 1995, la victoire en finale de la Coupe de la Ligue 1997 avec Olivier Dacourt, son coup-franc de dingue inscrit face à l’Inter Milan en Ligue Europa, ses galères à Crystal Palace, sa résurrection à Lens. Dans une interview exceptionnelle en deux parties (retrouvez la suite de l’entretien sur sa fin de carrière en Allemagne le samedi 20 avril), Valérien Ismaël ouvre la boîte à souvenirs de ses années de footballeur pour Foot d’Avant.

 

Valérien Ismaël, que deviens-tu depuis la fin de ta carrière de joueur de football professionnel en 2010 ?
Une fois ma carrière terminée, je suis devenu coordinateur sportif pour Hanovre. J’assistais le directeur sportif et le président. Ça m’a permis d’apprendre l’envers du métier, toutes les décisions qui se prennent dans un club professionnel que ce soit les transferts, le marketing ou la recherche de sponsors. Au bout d’un an et demi, quelque chose me manquait. Je voulais sortir des bureaux et être davantage sur les terrains. J’ai donc passé mon premier diplôme d’entraîneur. Je suis devenu le coach des moins de 23 ans d’Hanovre en novembre 2011. Ensuite j’ai été recruté en 2013 par Wolfsburg pour m’occuper de l’équipe réserve. En parallèle, j’ai validé mon diplôme d’entraîneur professionnel en 2014. Dans la foulée, j’ai connu ma première expérience de coach professionnel à Nuremberg. Puis j’ai été l’entraîneur de Wolfsburg en Bundesliga. Au début de cette saison, j’étais coach en Grèce (Apollon Smyrnis) mais l’expérience a pris fin très rapidement. Aujourd’hui, je suis revenu vivre près de Munich.  

 

 

Tu es né à Strasbourg. Comment as-tu intégré le centre de formation du Racing Club de Strasbourg ?
Le Racing, c’est le club de mon cœur. Quand tu es Alsacien et Strasbourgeois, tu es porté très jeune par la ferveur régionale. Lorsque j’ai commencé à jouer au foot, j’avais le Racing Club de Strasbourg dans un coin de ma tête. C’était mon objectif. Quand j’ai intégré le centre de formation, j’ai ressenti une très grande fierté. C’était quelque chose de très grand. L’appétit vient en mangeant donc j’ai gravi tous les échelons pour atteindre l’équipe professionnelle. Au centre de formation, il y avait une superbe génération avec Olivier Dacourt, Martin Djetou ou Yannick Rott. Nous étions une belle bande de copains. Quand l’un s’entraînait avec les pros, on était content pour lui. Je garde plein de beaux souvenirs de cette époque : quand on allait à l’école ensemble, la navette qui nous récupérait pour aller s’entraîner. Nous avons grandi comme si nous étions des frères, avec tout ce que cela peut comporter : des joies, des peines, des disputes, des réconciliations et des grands titres. Aujourd’hui, je suis toujours attaché à ce club. C’est le Racing Club de Strasbourg qui m’a fait grandir. Il m’a tout donné au début de ma carrière. 

 

 

Tu supportais le Racing Club de Strasbourg plus jeune, quels étaient tes joueurs préférés ?
A l’époque, il y avait Robert Barraja. Ses coups-francs m’impressionnaient. Devant, il y avait Didier Monczuk avec ses longs cheveux et son numéro neuf. Je me souviens de mon premier match à la Meinau, c’était un Strasbourg-Toulouse. J’étais avec mon père. En montant les marches à l’intérieur du stade, il y avait une odeur de merguez. Là j’ai vu les lumières du stade, le terrain était tout en bas. C’était un moment fantastique. J’espérais un jour pouvoir fouler cette pelouse. L’ambiance était déjà chaude. Elle l’est restée même quand le club est tombé en amateur. Aujourd’hui, le Racing Club de Strasbourg vient de se qualifier pour la Coupe d’Europe et ça me fait vraiment plaisir. 

 

 

Dans une précédente interview sur Foot d’Avant, Martin Djetou disait que Gilbert Gress poussait les jeunes strasbourgeois à se surpasser au début des années 90 et que son exigence l’avait aidé au début de sa carrière. Es-tu du même avis ?
Je pense que Martin est resté diplomatique dans ses propos. Les jeunes ont énormément souffert avec Gilbert Gress. Cependant, il reconnaissait le talent et n’avait pas peur de te faire jouer à la place d’un joueur de 30 ans, même si tu avais 18 ans. Avec lui, nous avons eu notre chance. Mais il faut avouer que ç’a été une école très, très dure. Elle nous a endurcis Martin, Olivier et moi. Je me souviens de mon premier match amical à 18 ans, j’avais les jambes lourdes. J’ai voulu me faire masser comme les autres joueurs. J’étais allongé et Gilbert Gress est rentré. Il a regardé le kiné : « lui, il sort de la salle de massage tout de suite, il est trop jeune pour ça », a-t-il dit. Quand j’avais des courbatures ou des contractures, je me massais tout seul à la maison (rires). Quand j’ai joué mon premier match de L1, j’ai pu avoir les soins comme les autres. Je me rappelle aussi des stages d’entraînement où on partait dix jours dans un hôtel à la montagne. Il n’y avait pas de téléphone portable, pas d’ordinateur. Il y avait juste un téléphone et on devait se partager la ligne. Le jeune attendait minuit ou une heure du matin pour passer son coup de fil.

 

 

Quels joueurs ont compté à tes débuts au Racing Club de Strasbourg ?
La génération Franck Leboeuf, Franck Sauzée, Joël Corminboeuf, Philippe Thys, Pascal Baills, Ali Bouafia, Marc Keller, Aleksandr Mostovoï a très importante pour moi. Lui, c’est l’un des meilleurs que j’ai côtoyés à Strasbourg. Je me rappelle de moments avant les matchs où il disait dans le vestiaire : « ce soir, on va gagner, je vais prendre mes responsabilités ». Quand il avait l’envie, il était inarrêtable. Pendant cette période, avec Olivier Dacourt, nous avons connu notre première grosse désillusion pour la finale de la Coupe de France (ndlr : en 1995 face au PSG). A l’époque, deux joueurs ont dû être sortis de l’effectif avant le match. Olivier et moi avons dû rester à la maison. Ç’a été un coup dur. J’en ai eu la boule au ventre. Le monde s’effondrait. Les joueurs d’expérience ont vu que nous étions très, très déçus. Ils nous ont encouragés et ont su trouver les mots. Ensuite, les Dieux du foot ont bien fait les choses car avec Olivier, nous avons remporté la finale de la Coupe de la Ligue face à Bordeaux dans ans plus tard. 

 

 

« Je n’avais pas les qualités d’un Aleksandr Mostovoï mais j’avais une envie et un mental extraordinaires. Je ne lâchais jamais rien. Je voulais toujours m’améliorer, aller plus loin et plus haut. Ce perfectionnisme m’a permis de jouer ensuite au Bayern Munich »

 

 

Avec cet échec de 1995, tu es devenu un joueur revanchard…
Je me suis dit : « je ne veux plus jamais revivre ça ». Pour moi, si j’avais l’opportunité de jouer une finale, c’était seulement pour la gagner. J’avais d’ailleurs marqué lors des tirs au but de la finale de la Coupe de la Ligue 1997. La séance était digne d’un scénario d’Alfred Hitchcock. Me retrouver en face à face avec le gardien adverse, les cris dans le stade, la tension, j’adorais ça. Quand je posais le ballon, j’avais un coin dans la tête, je tirais à mi-hauteur et très fort. Même si le gardien anticipait, il n’avait aucune chance. Je n’ai jamais ressenti de stress pour un tir-au-but. Quand je partais, je savais que j’allais marquer. Mon secret ? Il faut remonter à 1995. Quand je jouais une finale, j’étais certain que j’allais gagner. J’avais ça ancré en moi.

 

 

Sur Foot d’Avant, ton ex-coéquipier danois, Denni Conteh, a raconté qu’un jour en amical, Strasbourg avait gagné 5-1 et que suite à une erreur défensive de ta part qui avait coûté un but à ton équipe, tu avais pleuré dans le vestiaire. Est-ce que tu te rappelles de cette anecdote ?
Je ne m’en souviens plus. Denni doit avoir une très, très bonne mémoire. Mais c’est vrai que j’étais très compétiteur : pour moi chaque entraînement, c’était une finale de Coupe de Monde et je jouais chaque match comme si c’était mon dernier. Je n’avais pas les qualités d’un Aleksandr Mostovoï mais j’avais une envie et un mental extraordinaires. Je ne lâchais jamais rien. Je voulais toujours m’améliorer, aller plus loin et plus haut. Ce perfectionnisme m’a permis de jouer ensuite au Bayern Munich.

 

 

Lors de la saison 1997/98, tu as été un acteur majeur de l’épopée de Strasbourg en Ligue Europa (ndlr : qui avait éliminé les Glasgow Rangers puis Liverpool) notamment en inscrivant, à la Meinau (2-0, 0-3), un but magistral face à l’Inter Milan de Ronaldo. Raconte-nous ce coup-franc…
Pendant les entraînements et avec l’équipe réserve de Strasbourg, j’ai toujours tiré des coups-francs. En match, ça ne marchait jamais : soit ça tapait dans le mur où j’en dégommais souvent un, soit ça allait à côté ou ça partait trop haut. Je me souviens encore de Pascal Janin, l’entraîneur de la réserve, qui me disait : « ça ne te sert à rien d’avoir une frappe de mule si tu n’es pas capable de cadrer. Je te conseille de mettre moins de puissance mais de cadrer et après tu verras ce qui se passera ». A l’entraînement, j’ai travaillé la précision. Contre l’Inter Milan, c’était LA course d’élan et LA frappe parfaites, le jour parfait. Je savais que j’avais la force pour frapper de loin. Je me souviens de mon échange avec Gérald Baticle et Olivier Dacourt avant de tirer ce coup-franc. « Ecoute, ça fait un peu loin » m’a soufflé Gérald. « Décale-moi juste le ballon, je vais cadrer, ensuite on verra », lui ai-je répondu. Quand le ballon est parti de mon pied, j’ai tout de suite senti que la frappe était pure. J’ai même été surpris de voir à quelle vitesse la balle est partie dans le coin. C’était la confirmation que le travail paie. Les coups-francs, je les ai travaillés pendant des heures et des heures à l’entraînement. J’ai connu tellement de désillusions quand ça ne marchait jamais. Il fallait attendre le jour idéal pour que ça fonctionne.

Qu’as-tu ressenti suite à ce coup-franc ?
Dans les buts, il y avait Gianluca Pagliuca. L’Inter Milan avait une équipe exceptionnelle avec Ronaldo, Youri Djorkaeff, Ivan Zamorano, Diego Simeone. Le lendemain au réveil, je me suis demandé si c’était bien réel. Même si Strasbourg a été éliminé à San Siro, nous nous sommes battus comme des chiffonniers. Nous avons poussé l’Inter Milan dans ses limites et ça m’a rendu fier. Ils ont montré leur plus beau visage pour se qualifier et j’ai senti du respect dans leurs yeux. Strasbourg a perdu car l’adversaire était meilleur. Dans ce cas-là, c’est plus facile à accepter. Je me souviens qu’au retour, Ronaldo avait été exceptionnel. Sa vitesse d’exécution était incroyable. Au démarrage, sur les dix premiers mètres, c’était comme un dragster. J’étais fier d’avoir fait vaciller le meilleur joueur du monde sur un match.

 

 

En janvier 1998, Comment es-tu parti à Crystal Palace ?
Au départ, Newcastle était intéressé. Kenny Dalglish est même venu me superviser. A l’époque, la période des transferts allait jusqu’au 15 janvier et les choses ont traîné. Je pensais que je n’allais pas partir en Angleterre. Finalement, deux jours avant la fin du marché des transferts, l’offre de Crystal Palace est arrivée sur la table. Strasbourg et moi devions prendre une décision très rapidement. Le lendemain, j’étais en Angleterre.

 

 

« Signer à Lens, c’est l’une de mes meilleures décisions. J’ai connu un club extraordinaire et une histoire fantastique avec les Sang et Or »

 

 

Comment s’est passée ton acclimatation dans le foot anglais ?
C’était très difficile. Je me rappelle encore de mon premier jour. Dans le centre d’entraînement, il y avait un long couloir qui menait au vestiaire. J’entendais l’ambiance : c’était bruyant, ça rigolait. En tournant à gauche, je me suis présenté et là c’était le silence complet. Tout le monde s’est retourné vers moi. J’avais 22 ans à l’époque et ça m’a marqué. Ils ne m’ont pas tous accueilli à bras ouverts. L’ambiance était particulière. Je me souviens d’un effectif énorme avec 40 joueurs. J’ai eu la chance de côtoyer l’Écossais Jamie Fullarton qui parlait français parce qu’il avait joué à Bastia (1996-97). Heureusement qu’il était là car il a pu me traduire les consignes à mon arrivée. Il m’a aussi informé sur les forces en présence du vestiaire. Au quotidien, j’étais plus avec les étrangers comme Attilio Lombardo, Tomas Brolin ou Michele Padovano. Il y avait une vraie solidarité entre étrangers. Sur le plan sportif, ça n’a pas été au top non plus parce que le club était dernier du championnat. C’était une erreur de jeunesse mais une belle expérience tout de même. J’ai pu jouer contre Arsenal, Manchester United ou le Newcastle d’Alan Schearer. Au bout de dix mois, ça s’est arrêté car je suis parti au Racing Club de Lens. 

 

 

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué en Premier League ?
C’est surprenant mais je dirais un match contre Wimbledon (défaite 3-0). Crystal Palace et Wimbledon jouaient dans le même stade. Juste avant que les équipes sortent du vestiaire pour aller dans le tunnel qui était très, très étroit, quelqu’un s’est mis à frapper à notre porte. Vraiment très fort. Avec un coup de poing. Il a ouvert la porte, crié et insulté tout le monde. C’était Vinnie Jones. Je me suis dit « oh là là, ça va être un match tendu ». Audébut de la rencontre, il y avait deux Jamaïcains (ndlr : Robbie Earle et Marcus Gayle) de deux mètres en face de moi. Nous étions en 1998 donc c’était encore des longs ballons, du kick-and-rush avec des coups de coudes. C’était l’enfer lors de la première heure. Quand les deux Jamaïcains sont sortis, je me suis dit : « enfin, on va pouvoir jouer au football, je vais respirer ». Mais les remplaçants avaient le même gabarit. Ils m’ont rentré dedans (rires). Ensuite l’entraîneur de Crystal Palace m’a sorti. Aujourd’hui, ce match ne se serait jamais terminé à neuf contre neuf. Il aurait simplement été arrêté parce qu’il y avait des attentats de partout.

 

 

Comment es-tu arrivé au Racing Club de Lens en novembre 1998 ?
En fin de saison, je me suis blessé trois mois au ligament intérieur du genou face à West Ham suite à un duel avec Frank Lampard. Pendant l’été, il y avait 45 joueurs. J’ai compris que je n’avais plus rien à faire à Crystal Palace. Mon premier objectif était de me remettre en forme et retrouver mon niveau. Il fallait que je trouve une solution pour partir. Comme j’étais un gros transfert de Crystal Palace (ndlr : environ 27 millions de francs soit 4 millions d’euros) et que le club était relégué, il voulait se débarrasser de moi. Pendant l’automne 1998, j’ai été en contacts avec Bordeaux et Lens. Au départ, je penchais pour un départ aux Girondins. Mais au dernier moment, j’ai eu un contact direct avec Gervais Martel à Lens. Il me voulait absolument. Signer à Lens, c’est l’une de mes meilleures décisions. J’ai connu un club extraordinaire et une histoire fantastique avec les Sang et Or.

 

 

« Quand Pascal Nouma a marqué contre le Celta Vigo (ndlr : quart de finale retour de la Ligue Europa 2000), on a eu l’impression qu’une bombe était tombée sur le Stade Bollaert. Les gens ont tellement crié. Ç’a fait un bruit énorme »

 

 

Que t’a dit Gervais Martel ?
Je ne me rappelle pas ce qu’il m’a dit exactement mais c’était comme un père de famille qui parlait à son fils. Il m’a ouvert son cœur. Il m’a dit que j’allais devenir un joueur important de Lens. Tout ce qu’il m’a annoncé, ça s’est réalisé. 

 

 

Tu as intégré une très belle équipe avec Tony Vairelles, Vladimir Smicer, Pascal Nouma, Frédéric Dehu ou Guillaume Warmuz…
Je suis arrivé dans un groupe qui fonctionnait bien suite au titre de Champion de France 1998. J’avais cette volonté de revenir dans le coup. C’était comme si j’étais sur une autoroute, il n’y avait plus qu’à dérouler. J’ai essayé d’apporter quelque chose en plus à cette équipe. A Lens, j’ai aussi connu un public exceptionnel. Dès le premier jour, les supporters lensois m’ont accueilli à bras ouverts. Ces gens sont prêts à tout pour leur club. Nous avons vécu des soirées exceptionnelles de football. Je suis fier d’avoir fait partie de l’histoire de ce club en ayant remporté la Coupe de la Ligue 2000 et effectué une épopée européenne mémorable. 

 

 

Lens a réalisé un parcours exceptionnel en éliminant Kaiserslautern, l’Atletico Madrid et le Cela Vigo avant d’échouer en demi-finale face à Arsenal. Quel est ton plus beau souvenir de cette épopée européenne ?
Je dirais le quart de finale à Bollaert face au Celta Vigo (2-1). Nous avions accroché le 0-0 en Espagne. Au retour, à la soixantième minute, le Celta Vigo a ouvert le score. A partir de là, nous avons vécu trente minutes exceptionnelles. J’ai égalisé sur penalty et Pascal Nouma nous a offert la victoire ensuite. Quand j’ai pris le ballon, je savais que j’allais le mettre dedans. Ensuite, je savais qu’à 1-1, avec le public lensois, le Celta Vigo allait exploser. Quand Pascal Nouma a marqué, on a eu l’impression qu’une bombe était tombée sur le Stade Bollaert. Les gens ont tellement crié. Ç’a fait un bruit énorme. Au coup de sifflet final, j’ai ressenti une émotion immense. Je suis tombé dans les bras de José-Karl Pierre-Fanfan. Lens, une ville de 30 000 habitants allait jouer une demi-finale de Coupe d’Europe. Ce match fait partie des plus grands moments de ma carrière. 

 

 

Pourquoi tu n’as pas joué un seul match avec le RC Lens lors de la saison 2000/01 ?
A la fin de la saison 1999/00, mon agent m’a dit que j’avais des contacts avec certains clubs dont l’Atletico Madrid. Je me suis laissé gonfler la tête et j’ai décidé de quitter Lens. En fin de saison, j’ai accordé une interview où j’annonçais mon départ. Mais à l’arrivée, il n’y avait plus personne pour un transfert. J’étais donc encore sous contrat avec Lens. J’ai eu une discussion avec Rolland Courbis : « On m’a dit que tu partais donc je ne te compte pas dans l’effectif » m’a-t-il dit. En janvier 2001, j’ai été prêté à Strasbourg. Malgré la descente en L2, nous avons remporté la Coupe de France. 

 

 

« José-Luis Chilavert avait une très haute estime de lui-même. Il parlait de lui à la troisième personne. En arrivant dans le vestiaire le matin, on lui demandait : « Chila, tu as bien dormi, tout va bien ? ». Il répondait : « oui, Chila a bien dormi » »

 

 

A Strasbourg, tu as joué avec José-Luis Chilavert. Quels souvenirs gardes-tu de l’ex-gardien de but international paraguayen ?
Il avait une très grande personnalité et une très haute estime de lui-même. Il parlait de lui à la troisième personne. En arrivant dans le vestiaire le matin, on lui demandait : « Chila, tu as bien dormi, tout va bien ? ». Il répondait : « oui, Chila a bien dormi ». Au delà de ça, ses coups-francs étaient exceptionnels. Sur le plan technique, ce n’était pas un gardien de but fantastique mais il compensait avec un charisme et une vivacité énormes. Sa relance du pied gauche était somptueuse. J’avais énormément de respect pour lui.

 

 

A l’été 2001, Joël Muller, qui arrivait sur le banc du RC Lens, voulait absolument que tu reviennes…
Il m’a appelé très tôt avant les vacances pour me demander de revenir. Il y avait une belle équipe avec Jean-Guy Wallemme, Stéphane Pédron, Pape Sarr, El-Hadji Diouf, Jocelyn Blanchard ou Antoine Sibierski. Dès les premiers entraînements, j’ai senti qu’il y avait une alchimie entre les joueurs. Ç’a commencé dès la première journée. On a battu Lyon à domicile (2-0). J’ai marqué un but ce soir-là. Dix  journées plus tard, j’ai inscrit un doublé contre Rennes (2-1). Nous avons fait une saison fantastique (ndlr : Valérien Ismaël a marqué 4 buts en L1 en 2001/02). Nous aurions mérité d’être champions de France. A Lyon, beaucoup de joueurs lensois n’ont pas supporté la pression.

 

 

Pendant l’été 2002, tu étais en fin de contrat. L’Olympiakos t’a sollicité. Finalement le transfert ne s’est pas conclu et tu es reparti de nouveau à Strasbourg…
La saison a été très difficile. Avec Marc Keller et les supporters, c’était top. Mais j’ai eu des problèmes avec l’entraîneur Ivan Hasek. A l’époque, notre relation était très, très tendue. Avec lui, même si tu fonçais dans le mur, tu n’avais pas le droit de poser de questions. Je n’étais plus très motivé sous ses ordres. Au bout de six mois, il ne voulait plus me faire jouer. 

 

Propos recueillis par Thierry Lesage

 

Retrouvez la deuxième partie de l’interview, sur la carrière de Valérien Ismaël en Allemagne, le samedi 20 avril

 

Tu es fan du RC Lens ? Retrouve cette belle interview de Jean-Guy Wallemme